La vigne, une affaire de coopération

Chaque année, un nouveau président prend la tête de la cave coopérative des Hautes Côtes. Fondée en 1957, la coopérative réunit 80 viticulteurs qui ont élu Florent Baillard en mai dernier. Pour l’actuel président, la mutualisation apporte tranquillité d’esprit et succès commercial.

Florent Baillard, convaincu des bénéfices de la coopération et de la mutualisation, a pris la présidence de la coopérative des Hautes Côtes en mai 2023. (© Florent Baillard)
Florent Baillard, convaincu des bénéfices de la coopération et de la mutualisation, a pris la présidence de la coopérative des Hautes Côtes en mai 2023. (© Florent Baillard)

80 viticulteurs exploitant près de 400 hectares de vigne sont réunis au sein de la coopérative des Hautes Côtes. Depuis 1957, les membres ont fait le choix de la mutualisation. Parmi eux, le nouveau président, élu en mai dernier pour un an reconductible, Florent Baillard. « La coopérative nous permet de mutualiser les moyens, d’avoir les bonnes personnes au bon endroit et au bon moment. » Le viticulteur évoque ainsi, à titre d’exemple, le rôle essentiel des œnologues au moment de la vinification, mais aussi de l’équipe commerciale.

« Si vous voulez faire de l’export, pénétrer la grande distribution ou développer le réseau des hôtels, cafés et restaurants, il s’avère difficile de le faire tout en s’occupant de la vigne. » La coopérative des Hautes Côtes et sa marque Coopérative Nuiton Beaunoy se reposent donc sur 25 salariés et sur un partenariat passé avec une autre coopérative voisine, dans le Mâconnais, réunissant 150 viticulteurs. « Nous avons développé un outil commercial en commun : la plateforme Vignerons associés. »

Sérénité d’esprit

Pour Florent Baillard, la mutualisation, notamment commerciale, est une façon « d’acheter sa tranquillité d’esprit pour se concentrer sur son métier, la vigne. » Les vins Nuiton Beaunoy s’exportent dans 60 pays et profitent des rayonnages de plus d’un quart des cavistes français. « Grâce à cette diversification, nous avons été moins impactés par le Covid car moins dépendants. »

Pour affiner sa commercialisation, la coopérative souhaite s’orienter vers une production de plus en plus parcellaire. « Nous comptons 1 200 parcelles de vigne avec des pépites aux typologies identifiables. Le secteur des Hautes Côtes, par exemple, s’exprime de plus en plus avec le réchauffement climatique bien que plus tardif et en altitude. Il y a du potentiel. »

Protéger la terre

La coopérative intervient au-delà de la mutualisation, pouvant jouer un rôle de relais dans la cession du foncier. « Lorsqu’un viticulteur souhaite prendre sa retraite sans repreneur ou vendre, nous disposons d’une société civile d’exploitation agricole, SCEA, qui peut reprendre la parcelle, maintenir le vignoble en l’état en attendant qu’un membre de la coopérative puisse l’acquérir. C’est une façon de garder le même nombre d’hectares et de garantir que les vignes restent dans notre cercle local. »

En parallèle, lorsqu’un adhérent de la coopérative souhaite acquérir un foncier externe aux membres, la structure s’appuie sur une société civile immobilière pour en faire l’acquisition au profit d’un adhérent, s’assurant que le précieux terroir ne part pas dans des mains étrangères. En parallèle, la coopérative se donne également les moyens d’accompagner les jeunes viticulteurs désireux de s’installer mais dans l’incapacité d’investir à grande échelle.

Pour Aletheia Press, Nadège Hubert