Un forum pour mettre les startupeuses à l’honneur

Les chiffres sur les start-ups au féminin parlent d’eux-mêmes : 88 % du montant total des fonds levés par les start-ups sont captés par des équipes 100 % masculines. Pour donner à voir les femmes fondatrices d’entreprises innovantes, Dijon Métropole a organisé un forum qui leur était consacré : LadyjTech. À la maison de l’innovation, deux tables rondes ont mis en lumière leurs difficultés et leurs réussites.

Le forum LadyjTech a réuni plusieurs start-uppeuses venues témoigner de leurs difficultés en tant que femmes pour attirer l’attention sur les préjugés dont elles sont victimes. (© Aletheia Press / Nadège Hubert)
Le forum LadyjTech a réuni plusieurs start-uppeuses venues témoigner de leurs difficultés en tant que femmes pour attirer l’attention sur les préjugés dont elles sont victimes. (© Aletheia Press / Nadège Hubert)

Alors qu’elles représentent la moitié de la population, seules 30 % des entreprises sont portées par des femmes. Privilégiant les petites activités, 77 % de leurs entreprises comptent moins de 50 salariés avec 40 % de microentreprises. « Une femme sur quatre est intéressée par l’entrepreneuriat » a précisé Pierre-Alain Truan, responsable création et entrepreneuriat de BPI France en région en introduction du LadyjTech, le forum organisé par Dijon Métropole autour de l’entrepreneuriat au féminin. « L’augmentation de la représentativité des femmes dans l’entreprise est source de richesse et de création de valeurs. »

Donner à voir les femmes

À l’occasion de deux tables rondes, les femmes créatrices de start-ups ont mis en lumière les difficultés rencontrées au cours de leur parcours. « Dans les échanges, on regarde mon associé plutôt que moi » a notamment souligné Jeanne Baudevin, cofondatrice de Fungu’It. Evoluant dans le milieu des sciences, certaines startupeuses ont mis en lumière la difficulté de trouver des femmes dans la physique ou la chimie.

Bien que tout aussi compétentes que leurs homologues masculins, elles ont plus de mal à être reconnues. « Je vois souvent des femmes qui sont mises ou se mettent en retrait que ce soit en tant que salariée ou entrepreneuse » a précisé Delphine Rauscent, fondatrice de Vert Laine, regrettant le manque de rôle modèle, en particulier dans les sciences dures. « Il y en a peu dans la filière donc c’est le serpent qui se mord la queue. »

La problématique du financement

« Être en binôme avec un homme change les choses. Sur les questions de financement, on s’adresse plus à lui » a reconnu Jeanne Baudevin. D’autres entrepreneuses ont confirmé cet état de fait comme Julie Boucon, co-fondatrice d’Holy Owly avec sa sœur. « Les montants levés par des femmes ne représentent que 0,81 % des investissements globaux. » Alors que les deux femmes cherchaient à réaliser une seconde levée de fonds, fortes de leur impressionnante croissance, elles ont finalement vendu leur activité. « Être deux femmes ne facilite pas les choses. Dans notre prochaine aventure entrepreneuriale, nous intégrerons un homme pour mettre toutes les chances de notre côté. » Diplômée des Mines et d’Harvard, Sophie Kerob, dirigeante de Wooskill après avoir vendue une première start-up menée avec succès, a complété avec son expérience. « Mes associés avaient besoin d’énumérer mes diplômes pour justifier ma présence comme pour contrebalancer avec mon statut de femme. » Pour autant, chacun de ses témoins féminins n’hésiterait pas à recommencer si l’occasion lui était donnée.

Pour Aletheia Press, Nadège Hubert