Transmission de témoin à la Tuilerie Laurent

Colin, qui représente la cinquième génération de Laurent, reprend la direction de l’une des dernières tuileries artisanales de Bourgogne, fondée en 1862. Il a l’intention de remettre l’entreprise sur les rails de la croissance, en développant son action commerciale.

Colin Laurent a l’intention de remettre l’entreprise sur les rails de la croissance, en développant son action commerciale. (© Aletheia Press /A. Morel)
Colin Laurent a l’intention de remettre l’entreprise sur les rails de la croissance, en développant son action commerciale. (© Aletheia Press /A. Morel)

Entre Auxois et Morvan, à Nan-sous-Thil, la Tuilerie Laurent fait partie du paysage depuis des lustres. Fondée en 1862, elle fabrique des tomettes, des briques, mais surtout les célèbres tuiles plates vernissées bourguignonnes, qui caractérisent certains des plus beaux bâtiments de la région. Une vraie affaire de famille, qui passe cette année entre les mains de la 5e génération de Laurent, en la personne de Colin, fils d’Éric, l’actuel gérant qui prend sa retraite à 62 ans. Le trentenaire revient au pays, après s’être essayé à plusieurs vies dans le sud de la France, où il a travaillé dans la restauration, l’événementiel et comme paysagiste.

« Mon père ne m’a pas mis de pression pour que je reprenne, ce dont je n’avais pas envie initialement. Je voulais bouger, voir autre chose. Mais quand mon père m’a dit vouloir prendre sa retraite, j’ai décidé de prendre sa suite. Je ne voulais pas être la génération qui bazarde la tuilerie. », raconte-t-il.

Un savoir-faire ancestral

Au cœur de la tuilerie, le métier n’a guère changé depuis 150 ans. L’argile est extraite à proximité, dans un filon découvert par le fondateur, mélangée à un peu de sable et de sciure de bois, puis écrasée plusieurs fois. Elle est ensuite poussée vers un extrudeur, moulée et coupée, avant de reposer plusieurs jours à l’air libre. La cuisson proprement dite s’opère pendant deux dizaines d’heures, à 1 000 ou 1 040 degrés. Éric, le père de Colin, a repris en 1990. Il s’est employé à moderniser un peu l’outil de production, en acquérant notamment deux fours à gaz pour des cuissons mieux maîtrisées. Il a surtout réussi à maintenir l’activité autour des 70 000 à 80 000 euros de chiffre d’affaires annuel, alors même que la plupart des tuileries fermaient.

« Quand j’ai pris les commandes en 1990, il n’y avait plus que 2 salariés, contre 60 personnes durant la décennie 1960-1970. Le choc pétrolier a fait beaucoup de mal à l’activité, en renchérissant les coûts de production, ce qui a favorisé les matériaux alternatifs, comme le Placoplatre, au détriment des briques d’argile. », se souvient le sexagénaire.

Le grand défi pour la suite

Le défi pour Colin sera donc de refaire décoller une activité qui ne survit plus qu’avec les commandes de particuliers, souvent dans le cadre de rénovation de prestige. « Mon père a délaissé l’activité commerciale, que je compte reprendre fortement. Je veux démarcher les architectes des monuments historiques, pour leur faire connaître nos productions. Je vais également développer un vrai showroom, pour améliorer l’accueil des clients et mettre en avant des produits que j’estime très porteurs, comme nos casiers à bouteilles en argile. » projette Colin.

Pour Aletheia Press, Arnaud Morel