Réduire les effets secondaires des chimiothérapies

OPM, Oncodesign Precision Medicine, a obtenu un financement de 5,6 millions d’euros pour son programme dédié au développement d’une molécule luttant contre l’un des effets indésirables des traitements d’immunothérapie. Un espoir de mieux être pour les patients.

Philippe Genne, président directeur général d’OPM, se montre optimiste quant aux progrès de l’oncologie. (@ OPM)
Philippe Genne, président directeur général d’OPM, se montre optimiste quant aux progrès de l’oncologie. (@ OPM)

« L’OPM-101 cible RIPK2 pour traiter les CUII ». Si cette phrase n’a aucun sens pour le commun des mortels, elle traduit toutefois un important progrès de la médecine. Porté par l’entreprise biopharmaceutique dijonnaise Oncodesign Precision Medicine, OPM, la molécule OPM-101 se destine, à terme, aux patients atteints d’un cancer et suivant un traitement d’immunothérapie.

« Environ 30% des patients qui ne répondent pas au traitement sont aussi victimes d’effets secondaires comme l’inflammation du colon. Il faut alors arrêter de lutter contre le cancer pour éviter les colites ulcéreuses immuno-induites, les CUII. C’est dommage » simplifie Philippe Genne, président directeur général d’Oncodesign Precision Medicine. Karine Lignel, cofondatrice d’OPM, précise : « D’ici 2030, le marché des CUII devrait représenter 4,4 milliards d’euros. »

Dans les laboratoires d’OPM, les équipes recherchent des molécules chimiques capables de cibler une molécule cancéreuse spécifique, dans le cas des CUII. Il s’agit de RIPK2 dans les maladies inflammatoires de l’intestin. Un effet secondaire qui peut toucher des patients dans un large panel de cancer, du poumon au mélanome par exemple.

Doucement, mais sûrement

Si OPM travaille sur cette molécule depuis 2012, l’entreprise biopharmaceutique pour la médecine de précision l’a affiné au fil des ans et réalise de réels progrès. « Nous avons finalisé la phase 1 qui consiste à donner le traitement à un volontaire sain. Nous attendons les résultats et le rapport final pour initier la phase 2. Il s’agira alors, avant la fin de l’année je pense, de donner la molécule à un patient. Nous devons établir un protocole et définir un profil de patient avec les cliniciens. »

Pour poursuivre sur sa lancée et financer ce programme d’un montant global de 12,5 millions d’euros, OPM s’est vue attribuer un financement de l’Etat. Celui-ci s’élève à 5,6 millions d’euros, sous forme de subvention pour 1,7 million d’euros et d’avances remboursables pour le reste sur une durée de projet de quarante-trois mois. « Le traitement pour cette cible en particulier n’est pas exploré par les autres acteurs, notamment parce que nous avons une certaine avance. Il s’agit toutefois d’une molécule nouvelle avec ses enjeux mais aussi ses risques. » De son côté, l’Etat s’est engagé sur cette voie pour contribuer à la création d’une filière en médecine de précision en France.

Garder l’espoir

En parallèle, OPM planche sur d’autres molécules et d’autres cibles, notamment avec Prométhée. Cette molécule radioactive réalise une radiothérapie de proximité en se fixant sur la cellule tumorale. OPM, via une licence et une collaboration avec le groupe Servier, travaille également sur une molécule destinée à lutter contre la maladie de Parkinson qui devrait elle aussi entrer en phase 2. « Nous avons également OPM – 102 qui a la capacité de sensibiliser la cellule cancéreuse à un traitement en immunothérapie afin qu’il reste efficace dans la durée, même si la cellule développe une certaine résistance. »

Bien que le combat contre le cancer ne soit pas encore gagné, OPM se veut optimiste. « Il faut être convaincu que l’on va vers une transformation des cancers en maladie chronique avec des traitements de plus en plus efficaces et de plus en plus tard. La maladie recule de plus en plus. »

Pour Aletheia Press, Nadège Hubert