Les producteurs de cassis se mettent à l’infusion

La coopérative agricole, Les Coteaux bourguignons, installée à Nuits-Saint-Georges, regroupe une cinquantaine de producteurs de cassis de Côte-d’Or et des départements limitrophes. Habitués à récolter du cassis en fruit, mais aussi en bourgeon pour le secteur de la parfumerie ou de la gémmothérapie, ils se tournent désormais vers la tisanerie en récoltant les feuilles de cassis.

Dans les parcelles de cassis de Côte-d’Or, le fruit et le bourgeon ne sont plus les seuls à être récoltés. Les feuilles rejoindront les tisaneries françaises mais aussi européennes. (© Vincent Bertrand)
Dans les parcelles de cassis de Côte-d’Or, le fruit et le bourgeon ne sont plus les seuls à être récoltés. Les feuilles rejoindront les tisaneries françaises mais aussi européennes. (© Vincent Bertrand)

Infuser 5 à 12 g de feuilles séchées de cassis dans de l’eau bouillante durant 15 minutes permet de profiter des propriétés anti-inflammatoires et diurétiques de la plante réputée pour agir plus particulièrement sur les douleurs articulaires, telles que les troubles rhumatismales, la goutte et l'arthrose. Depuis maintenant quatre ans, la coopérative agricole Les Coteaux bourguignons se tourne vers ce marché. En effet, la cinquantaine d’adhérents cultivent les fruits du cassis à destination des liquoristes de Dijon et Nuits-Saint-Georges et les bourgeons pour deux filières distinctes.

Les bios s’utilisent dans la gémmothérapie, une phytothérapie, tandis que les cultures non-conventionnelles partent à Grasse pour la parfumerie. « Quand les besoins de nos clients étaient surestimés, nous avions une surproduction. Plutôt que d’arracher les plantes, nous avons décidé de nous tourner vers la tisanerie » explique Vincent Bertrand, producteur et président de la coopérative.

Maitriser la chaine de production

Les producteurs ont d’abord récolté et livré les feuilles de cassis à un courtier avant de prendre en charge, depuis deux ans, les phases indispensables de séchage, de tri et de conditionnement en gros. « Nous avons investi en ce sens, chaque adhérent a été mis à contribution et participe à la conception des outils de production pour faciliter cette transformation. »

Désormais, la coopérative vend directement ses feuilles à des grossistes majoritairement français, mais aussi allemands ou italiens qui revendront ensuite les produits à des tisaneries. A côté des 40 tonnes de bourgeons pour la parfumerie et de la tonne de bourgeons destinés à la gémmothérapie, près de 40 tonnes de feuilles, sont désormais également récoltées par les producteurs locaux sur des parcelles de cassis allant de 0,2 à plus de 10 hectares.

Des exigences plus fortes

En parfumerie, les bourgeons doivent présenter une grande qualité, mais ils seront travaillés en laboratoire où ils connaîtront différentes phases d’extraction notamment. Pour la tisanerie et la consommation alimentaire, les attentes s’avèrent plus élevées. « Nous avons l’habitude, mais cela nous demande un travail renforcé pour éliminer les mauvaises herbes, les maladies, les insectes sans pour autant qu’il n’y ait de résidus de pesticides ou de résidus microbiologiques. Nous apprenons à identifier et connaître les exigences de nos clients. » Pour garantir le niveau de qualité attendu par les différents secteurs d’activité, les adhérents procèdent à des analyses avant et après la récolte, sur chaque lot. « Nous devons être sûrs que les feuilles soient prêtes à être consommées ! »

Pour Aletheia Press, Nadège Hubert