Les dirigeants de petites entreprises doivent renflouer leur trésorerie

Les dirigeants de petites entreprises doivent renflouer leur trésorerie

La période de crise sanitaire a été particulièrement éprouvante pour les TPE et leurs dirigeants. L’enquête menée par Initiative France* fait le point sur les conséquences de la crise, leurs besoins et les perspectives pour les mois qui viennent. Si l’optimisme et l’envie de réussir la reprise sont clairement exprimés par les entrepreneurs, ils ont un besoin de ressources financières et d’un appui commercial pour relancer leur activité.

«La crise sanitaire n’a pas détruit l’économie, elle l’a placée en suspension», affirme Louis Schweitzer, président d’Initiative France. S’ils subissent les effets d’une crise inédite, les dirigeants de petites entreprises affichent néanmoins leur optimisme. C’est le résultat d’une enquête menée par le réseau associatif de financement et d’accompagnement des entrepreneurs Initiative France. Pourtant, les conséquences de la crise sanitaires sont brutales pour les entrepreneurs soutenus par le réseau : 57 % des TPE ont suspendu leur activité, lors du confinement, et 84% des cafés hôtels restaurants l’ont cessée totalement. Tandis que celles qui ont maintenu une activité ont souvent rencontré des difficultés d’approvisionnement, des annulations de commandes ou l’absence de collaborateurs. Seules 4 % des entreprises ont vu leur activité augmenter. 

Un état d’esprit optimiste 

Face à cette situation, les entrepreneurs ont eu massivement recours aux mesures de soutien de l’Etat et des collectivités (62 %), essentiellement au fonds de solidarité, au report des charges sociales et au chômage partiel ; et ont pu bénéficier de conseils pendant la crise. Leur sentiment d’isolement reste ainsi limité avec sept chefs d’entreprises sur 10 qui ont bénéficié de conseils, principalement de leur expert-comptable, des réseaux de chefs d’entreprises et d’accompagnement et des banques. Cet accompagnement peut expliquer l’état d’esprit des entrepreneurs au sortir de la période de confinement, malgré les difficultés rencontrées. Si l’inquiétude et l’incertitude restent grandes, avec 31 % des entrepreneurs qui voient 2020 comme une année imprévisible, 60 % restent optimistes pour l’avenir. Malgré cette note positive, certains secteurs particulièrement touchés se montrent moins confiants dans l’avenir, comme l’hôtellerie-restauration et l’immobilier. 

Pour la majorité des entrepreneurs, la reprise est placée sous le signe de la motivation, de l’envie de rebondir et de renouer avec la croissance. Ainsi, 42 % souhaitent «développer leur entreprise» dans l’année à venir et 33 % veulent repositionner leur activité. Seuls 3 % envisagent une fermeture. Quant à la suppression d’emplois, cela semble être une ligne rouge que peu d’entrepreneurs envisagent de franchir : seuls 8% prévoient réduire le nombre de leurs salariés, tandis que 51 % indiquent vouloir maintenir les emplois dans les mois qui viennent et 14 % projettent même des recrutements, principalement dans les secteurs de l’industrie, des services aux entreprises et de la santé, éducation et action sociale. 

Renforcer les fonds propres

En revanche, ils restent pragmatiques sur leurs besoins pour pouvoir surmonter les difficultés. Ainsi, pour compenser la perte de leurs fonds propres, près d’un dirigeant sur deux exprime un besoin en ressources financières pour restaurer leur trésorerie détériorée par la crise. En mars et avril, 83 % des entreprises ont enregistré une baisse importante de leur chiffre d’affaires, voire pour 55 %, un chiffre d’affaires nul, en avril. Seuls un tiers des entrepreneurs interrogés disposent d’une trésorerie suffisante pour maintenir leur activité encore trois mois, 16 % un mois et 29 % deux mois. A l’inverse, 21 % sont «déjà dans le rouge». Là encore, les cafés-hôtels-restaurants sont particulièrement inquiets : seul un quart de ces entreprises disposent d’une trésorerie suffisante qui leur permettra de se maintenir pendant plus de trois mois. 

Cette baisse ou absence de recettes a un impact direct sur la situation individuelle des entrepreneurs : 59 % d’entre eux et 74 % des dirigeants d’hôtels-cafés-restaurants n’étaient plus en capacité de se verser un salaire début mai. Un quart des chefs d’entreprise plébiscitent un appui commercial pour relancer leur activité. 

L’enjeu majeur des prochains mois pour assurer leur pérennité est bel et bien de renflouer la trésorerie et renforcer les fonds propres de ces entreprises. Plus d’un entrepreneur sur deux estime ce besoin à un montant inférieur à 50 000 euros, et 25 % à moins de 25 000 euros. «Les dirigeants d’entreprises nous lancent un appel : ils ne réussiront la reprise que s’ils peuvent compter sur un soutien financier et un appui pour la relance. Le besoin en fonds propres est vital à court terme pour tous», relève Louis Schweitzer. 

*Enquête Initiative France menée auprès de 9 042 entrepreneurs soutenus par le réseau, en mai 2020

Charlotte De SAINTIGNON