Le désengagement coûte plus de 10 000 euros, par an et par salarié, aux entreprises

Les entreprises ont tout intérêt à se soucier du bien-être de leurs salariés. Et pour cause : leur désengagement peut leur coûter cher. C’est ce que met en exergue Mozart Consulting dans son étude de l’IBET©, acronyme d’Indice de bien-être au travail. Objectif, permettre aux RH d’adapter leur politique de ressources humaines.


Le désengagement coûte plus de 10 000 euros, par an et par salarié, aux entreprises

10 070 euros par an et par personne. C’est le gain potentiel de productivité par an et par salarié pour les entreprises, selon une estimation de Mozart Consulting si l’on voit le verre à moitié plein. Ou le coût du « désengagement » par an et par salarié, en perte de productivité, si l’on voit le verre à moitié vide. Reprenant la charte graphique et les codes couleurs du Nutri-Score figurant sur bon nombre de denrées alimentaires, le cabinet de conseil Mozart Consulting, filiale de Territoria Mutuelle et d’Aésio mutuelle, a mis au point l’« IBET Score », un outil qui permet de mesurer le bien-être au travail. Jusqu’à alors, aucun outil ne permettait de calculer la performance du capital humain. Cet indice socioéconomique varie de 0 à 1, 1 étant la valeur maximale traduisant la meilleure performance de l’engagement socio-organisationnel. Par convention de qualité, le bien-être au travail, révélateur de l’engagement, se situe dans une zone de bonnes pratiques ayant un IBET supérieur à> 0,85. D’« adhésion » (A) jusqu’à l’« épuisement » (E), en passant par le bien-être (B), la contrainte (C) ou le désengagement (D), l’indice mesure le taux d’engagement en question. Ainsi, s’il est supérieur à 0,90 point, l'adhésion (A) des salariés est totale. Si, au contraire, il tombe sous les 0,75, il bascule dans le rouge, l'engagement du salarié relevant davantage de l'épuisement (E).

Au global, la moyenne de l’IBET©, tous secteurs confondus, augmente par rapport à l’édition 2021 –il est évalué à un taux de 0,81 pour 2022. Cela traduit néanmoins un niveau d’engagement employeurs-salariés qualifié de « contraint ». Dans le détail, certains secteurs seraient plus en alerte que d’autres. Ainsi, si les services aux entreprises, tout comme la filière industrielle, font partie des secteurs où l’IBET est le plus élevé (0,91), la communication et les médias sont à 0,79, dans la tranche D, correspondant au désengagement. Quant à l’alimentaire, les transports et les bureaux d’études, ils sont en alerte rouge, soit en « épuisement ».

Vers une transition managériale

Première préconisation pour favoriser le bien-être au travail et prévenir l’absentéisme, avoir des équipements adaptés –mobilier, technologie– pour favoriser l’efficacité des collaborateurs et réduire les risques de douleurs musculo-squelettiques, générateurs d’absences. Au-delà de l’enjeu financier lié à l’engagement des salariés, Mozart Consulting incite fortement les employeurs à « engager une transition managériale » de proximité pour agir davantage en faveur de la santé et la qualité de vie au travail des salariés. Cet effort doit être « au cœur des préoccupations sanitaires et sociales des entreprises », indique le cabinet. Il est rendu d’autant plus nécessaire par les impacts de la crise sanitaire et les évolutions technologiques sur l’organisation du travail, et notamment par la généralisation du télétravail. Le cabinet de conseil met en garde les entreprises et les encourage à prendre en compte certains risques, liés notamment au télétravail et aux progrès technologiques, pouvant impacter la qualité de l’engagement à moyen et long terme. « L’heure est à la refonte de la façon dont nous travaillons ensemble, en veillant à ne pas confondre innovation et progrès : la menace de l’isolement et de la robotisation est latente », avertit Victor Waknine, associé fondateur de Mozart Consulting.

Et une culture de rituels et de feed-backs

Plus encore, pour lutter contre les impacts psychosociaux néfastes, les managers doivent veiller à la préservation des liens sociaux et à l’équilibre vie privée/vie professionnelle. Des rituels collectifs à distance et un « feedback » régulier des actions menées peuvent être des solutions pour pallier ces risques. Les entreprises se doivent d’investir dans le capital santé via les dispositifs de prévention de santé publique et de santé et qualité de vie au travail (SQVCT). Fondamentaux de la motivation intrinsèque, l’utilité sociale, la compétence et le sentiment d’appartenance en sont des dimensions essentielles. Dimensions qui deviennent de véritables outils de pilotage de la performance collective. Pour Aesio Mutuelle et Territoria Mutuelle, il y a un lien étroit entre le bien-être des salariés et la performance d’une entreprise. « En valorisant l’impact social et économique du désengagement, l’IBET© vise à susciter la prise de conscience de celui-ci par les dirigeants et les managers, soucieux de la productivité, puis à les inciter à (ré)agir de manière concrète et à leur permettre d’évaluer l’efficacité de leurs mesures en faveur du bien-être de leurs collaborateurs », conclut Victor Waknine.

Charlotte DE SAINTIGNON