LA SAS Pôle Biomasse Hautes-Côtes veut transformer le bois en hydrogène

L’entreprise Pôle Biomasse Hautes-Côtes, basée à Chambœuf (21) conduit un investissement de 16 millions d’euros pour transformer, via un procédé innovant français, la sciure de bois en hydrogène. Un projet local, circulaire et tout à fait écologique. Découverte.

Broyeur bois sur le site de Chambœuf (© Aletheia Press / A.Morel)
Broyeur bois sur le site de Chambœuf (© Aletheia Press / A.Morel)

La SAS Pôle Biomasse Hautes-Côtes, anciennement établissements Roussel, s’est spécialisée dans le bois-énergie, avec un mot d’ordre : collecter ses ressources au niveau local, dans un rayon de 100 km autour de ses plates-formes. Sur son site historique, à Chambœuf, elle conduit un projet novateur qui vise à transformer les sous-produits de son activité en hydrogène.

Pour y parvenir, elle utilisera le procédé de thermolyse Hynoca®, qui connaîtra ainsi l’une de ses premières applications industrielles. « Notre métier est de collecter le bois non utilisé par les scieries, principalement les redos, premières planches de coupe d’un tronc, les quellées, la partie du tronc située juste au-dessus des racines, et le bois de trituration, trop tordu pour être utilisé en scierie. Nous transformons cette matière première en plaquettes de bois pour chaufferies. À l’issue du processus, il nous reste la fine de bois, la sciure et les poussières, que nous cherchions à valoriser. L’idée de se servir de cette biomasse pour produire de l’hydrogène nous est venue en découvrant le procédé Hynoca, de l’entreprise française Haffner Energy », explique Kevin Roussel, cogérant de l’entreprise avec son père, le fondateur.

Simulation d’une station de production Hynoca (© Haffner Energy)

Un procédé écologiquement vertueux

Le procédé Hynoca consiste à chauffer la matière première organique - ici, donc, la fine de bois - entre 450° et 550° C, sans apport d’oxygène, sans combustion, ni fumée. Cette thermolyse permet de séparer une fraction gazeuse, riche en hydrogène, d’un composant solide, le biochar, très riche en CO2. Celui-ci est susceptible d’être valorisé dans l’agriculture, pour enrichir les sols et améliorer leur capacité de rétention d’eau. Le gaz produit est dénommé Hypergas, et peut être utilisé en remplacement du méthane.

Le procédé Hynoca pousse cependant la transformation plus loin : après plusieurs phases de lavage, l’hypergas est transformé en hydrogène. « Nous allons installer 4 thermolyseurs sur notre plate-forme de Chambœuf, ce qui permettra de produire 720 kg d’hydrogène par jour, la quantité nécessaire pour parcourir environ 120 000 km avec un véhicule léger hydrogène », détaille Kevin Roussel. À l’année, 250 tonnes d’hydrogène seront produites, à partir de 8 000 tonnes de biomasse.

La SAS, qui emploie 17 personnes et réalise un chiffre d’affaires de 5 millions d’euros en 2021, s’est alliée, pour porter ce projet, à l’entreprise Haffner Energy, de Vitry-le-François (51), qui développe les thermolyseurs, mais aussi au groupe Thevenin-Ducrot (Chevigny-Saint-Sauveur (21)), second réseau pétrolier de France avec la marque Avia, et enfin à un investisseur privé, Jean-Paul Fargheon. « C’est toute la force de notre co-entreprise : Avia assure les débouchés pour l’hydrogène, tandis qu’Haffner s’associe aux risques pris autour de sa technologie », estime Kevin Roussel. La plateforme de Chambœuf devrait être opérationnelle en janvier 2024.

Pour Aletheia Press, Arnaud Morel