La renaissance de l’historique équipementier d’escrime Prieur Sport

Fondé en 1788, Prieur Sport a largement contribué à définir l’escrime sportive. Passée près de la faillite, l’entreprise, rachetée en 2014, connaît depuis une progression fulgurante et est redevenue le fournisseur de l’équipe de France d’escrime.

Assemblage des masques d’escrime chez Prieur Sports à Genlis (© Aletheia Press / A.Morel)
Assemblage des masques d’escrime chez Prieur Sports à Genlis (© Aletheia Press / A.Morel)

En mars dernier, l’équipementier sportif Prieur Sport, installé à Genlis près de Dijon (21) signait une convention de partenariat avec la fédération française d’escrime, pour en redevenir le fournisseur officiel, au moins jusqu’en 2024. « Depuis les JO d’été de Londres en 2012, l’équipe de France était équipée par un de nos concurrents anglais. C’était un de mes objectifs prioritaires que de la reconquérir, c’est désormais chose faite », note Didier Contrepois, qui dirige cette TPE de 10 salariés.

Ce retour au premier plan signe le succès de la stratégie de redémarrage mise en place par le dirigeant, lors du rachat de l’entreprise en 2014. Celle-ci était alors au bord de la faillite, s’étant laissée petit à petit marginaliser par la concurrence, sans s’implanter dans les marchés émergeants comme la Chine. « Frédéric Pabiou, le dirigeant était malade depuis plusieurs années, et perdait des dizaines de milliers d’euros chaque année. L’entreprise, qui avait réalisé jusqu’à 3 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel, était retombée à 350 000 € en 2014 », précise Didier Contrepois.

Externaliser une partie de la fabrication

Si les masques sont assemblés chez Prieur Sport, une partie de la fabrication est externalisée. (© Aletheia Press / A.Morel)

Le sexagénaire, escrimeur passionné depuis l’âge de 6 ans, dirigeait alors STI Genlis, spécialiste du câblage électrique et de l’intégration électrique pour l’industrie. Il décide de reprendre le fleuron vieillissant. Rapidement, il arrête une stratégie de choc pour relancer l’activité. Les locaux historiques de Prieur Sports à Montceau-les-Mines (71) sont petit à petit fermés, une partie de la production et les stocks transférés à Genlis, dans des locaux attenants à ceux de STI.

Surtout, l’entrepreneur décide d’externaliser une grosse partie de la fabrication, en faisant jouer un puissant carnet d’adresses hérité de sa présidence de l’UIMM pour dénicher des sous-traitants français, principalement côte-d’oriens. « J’ai conservé en interne le cœur de métier, l’assemblage des masques et des armes, mais j’ai externalisé près de 70 % de la production. Ça n’avait aucun sens de faire en interne, sur des équipements hors d’âge, des opérations comme la découpe des mousses ou celle de pièces inox quand d’autres sont meilleurs que nous », précise-t-il.

2 millions d’euros de chiffre d’affaires

Didier Contrepois au sein de la petite boutique d’usine à Genlis (© Aletheia Press / A.Morel)

Dans le même temps, Prieur Sports effectue un vrai travail sur son image, s’imagine une nouvelle identité visuelle et un nouveau logo. Et remonte aux sources pour exciper d’une légitimité historique unique. Prieur Sports a été fondé en 1788 et a largement contribué à définir l’escrime sportive telle qu’on la connaît. 

C’est Prieur qui a conçu la tenue blanche plastronnée, qui imagine le premier masque protecteur intégral, invente la coquille décentrée pour épée française… Pour valoriser ce patrimoine, l’entreprise ouvre, en septembre 2021, une boutique showroom dans le 14e arrondissement parisien. « C’est la plus belle boutique d’escrime au monde, et nos clients internationaux ne s’y trompent pas. Nous réalisons 50 % de nos ventes avec eux », commente le dirigeant. Sur ses nouvelles bases, Prieur Sports redémarre. En 2022, la SAS a réalisé 2 millions d’euros de chiffre d’affaires, et vise les 3 millions en 2023.

Pour Aletheia Press, Arnaud Morel