La récolte du cassis est lancée

Les producteurs de cassis de Côte-d’Or ont entamé la récolte du précieux fruit noir, mais savent que les rendements ne seront pas au rendez-vous. Les aléas climatiques ont laissé des traces tandis que les prix ne devraient pas augmenter.

Après plusieurs aléas climatiques, la récolte du cassis a débuté en côte de Beaune mais les quantités devraient être moindre. (Aletheia Press / Nadège Hubert)
Après plusieurs aléas climatiques, la récolte du cassis a débuté en côte de Beaune mais les quantités devraient être moindre. (Aletheia Press / Nadège Hubert)

Avant, les récoltes de cassis débutaient à la mi-juillet. Cette année, comme c’est désormais le cas régulièrement, les opérations se lancent avant la fin juin. Avant, les producteurs escomptaient subir les aléas de la météo une fois tous les cinq ans. Maintenant, les catastrophes affichent une certaine récurrence et l’année 2022 a apporté son lot.

« Nous avons eu le gel en avril qui n’a laissé qu’une demi-récolte puis début juin, la canicule a fait tomber les fruits avant que le vent et la grêle des derniers orages ne viennent abîmer le reste. » Président de la coopérative des producteurs de cassis Socofruits, Florent Baillard estime que les exploitants vont enregistrer en moyenne 70% de perte par rapport à une année normale.

Sur la cinquantaine d’adhérents, une trentaine produit du cassis en fruit avec des quantités annuelles habituellement comprises entre 1 500 et 2 000 tonnes. Les autres producteurs misent quant à eux sur le bourgeon de cassis, destiné à l’industrie de la parfumerie et dont la récolte se fait en janvier. « Cela représente environ 600 hectares de cassis. »

Circuit court et express

Pour garantir la meilleure récolte avant que d’autres perturbations ne risquent d’altérer le rendement ou la qualité, Florent Baillard a mis ses équipes à pied d’œuvre, jour et nuit. « Nous avons beaucoup de surface, près de 100 hectares en association avec un confrère, et peu de temps pour ramasser. Acheter une autre machine reviendrait trop cher. »

A près de 250 000 euros, entre les rangs, la vendangeuse ne chôme pas. Une personne au poste de conduite et deux ou trois salariés à l’arrière pour que les caisses se succèdent et s’empilent au plus vite. Au bord des vignes de cassis, le dirigeant remplit le camion frigorifique qui partira bientôt chez les clients. « Si les liquoristes ont une cuve libre, on livre le fruit frais sinon, il part dans un entrepôt frigorifique pour être surgelé. »

La baie noire partira ensuite aux quatre coins de la France chez des industriels fabricant du jus de fruit, du coulis ou encore de la confiture. Côté prix, la mauvaise récolte ne connaîtra pas de compensation particulière. « Le prix à la tonne oscille entre 1 000 et 2 500 euros, mais les tarifs sont fixés par des contrats pluriannuels. Malheureusement, les mauvaises années sont récurrentes. Nous allons donc devoir rediscuter avec nos clients. »

(Aletheia Press / Nadège Hubert)


L’économie du cassis

Avec un chiffre d’affaires annuel de 2,5 millions d’euros pour une année classique, dont les deux tiers portent sur la production de fruits, le reste sur les bourgeons, le cassis n’est pas seulement un pilier de la gastronomie locale, c’est aussi un acteur économique à part entière. « Il faut un salarié pour 20 ou 25 hectares en cassis, un salarié pour 5 hectares en vigne et un seul pour 250 hectares chez les céréaliers. » Avec cinq salariés à temps complet sur son exploitation et des renforts en période de récolte, Florent Baillard se réjouit que le cassis fasse vivre plusieurs familles du territoire.

Pour Aletheia Press, Nadège Hubert