La Bourgogne-Franche-Comté lance son Plan pour l'automobile

L'industrie automobile a entamé une mutation qui s'annonce incroyablement rapide et qui pourrait causer autant de dégâts qu'elle n'ouvre d'opportunités. Etat et Région lancent donc une task force pour identifier précisément les besoins des entreprises du secteur, qui pèsent près de 45 000 emplois.

Avant le premier comité de pilotage du plan Etat-région Automobile, Marie-Guite Dufay et Fabien Sudry ont visité l'entreprise Baud Dimep à Sirod. (© Préfecture BFC)
Avant le premier comité de pilotage du plan Etat-région Automobile, Marie-Guite Dufay et Fabien Sudry ont visité l'entreprise Baud Dimep à Sirod. (© Préfecture BFC)

« C'est à une allure vertigineuse que doivent se prendre aujourd'hui ces tournants. » Comme Marie-Guite Duffay, présidente de la Région, les pouvoirs publics sont inquiets pour la filière automobile en Bourgogne-France-Comté. Avec la transition écologique qui lui est demandée, celle-ci est confrontée à des enjeux considérables. « On peut parler d'une révolution, que la crise sanitaire a accélérée, insiste Fabien Sudry, préfet de Région. Cela engendre des problématiques absolument majeures : renouvellement de l'équipement, compétence, formation, souci de qualité, réorganisation, enjeux de commercialisation... »

Aller à la rencontre des entreprises

Voilà pourquoi, ce 9 mars à Sirod, le plan Etat-Région a été lancé pour soutenir un secteur qui pèse dans l’économie. La filière compte plus de 350 établissements et près de 45 000 salariés, hors intérim, et représente 5,1 % de l’emploi salarié régional soit près du tiers de l’emploi industriel. Objectif donc : accompagner cette transition. « Plutôt que de travailler chacun de notre côté, nous avons choisi d'additionner nos compétences », précise Fabien Sudry. Ainsi, cette mobilisation repose à la fois sur le plan national pour l’automobile de l’Etat, et sur la feuille de route automobile de la Région adoptée le 26 janvier 2022.

Ce plan repose notamment sur ce que ses acteurs ont appelé la « Force d'intervention mutations automobile. » Cette Fima consiste en la mobilisation de moyens humains pour aller à la rencontre des entreprises concernées, pour réaliser un état des lieux général et apporter des réponses ciblées. « Nous allons visiter toutes les entreprises, insiste Marie-Guyte Duffay, qui compte aussi sur les collectivités territoriales et les partenaires du monde économique. Il faut faire dans la dentelle. Il ne s'agit pas de faire quelque chose de général et d'aller sur des appels à projets. »

35 millions d’euros débloqués par la Région en 2022

Chaque entreprise recevra ainsi un conseil et un accompagnement très personnalisé. Indispensable, quand on sait que 50% des sous-traitants automobiles de la région sont des PME. En fonction de la taille de l’entreprise, de leur niveau de dépendance à la filière et à d’autres points d'alerte (situation financière, dépendance au moteur thermique), la Fima priorisera ses visites. Trente-huit entreprises ont d'ailleurs déjà été identifiées comme particulièrement exposées. L'espoir est de visiter tous les établissements en un an. « Et après, ce seront des interventions qui pourront être sur des équipements à moderniser, des aides à la diversification, sur des sujets de compétences et de formation... » complète la présidente de la Région.

L'Etat a décidé de créer dans le cadre de France 2030, un fonds de 300 M€ destiné à accompagner l'innovation et la diversification. Dans les territoires les plus touchés par ces mutations de la filière automobile, 100 millions d’euros supplémentaires seront mobilisés pour déployer le dispositif “chocs industriels”, déjà déployé dans le Haut-Jura. Du côté de la Région, pour 2022, un budget de 35 M€ est déjà sécurisé. « On verra s'il faut ajuster ou pas ce qu'on a mis sur la table. Dans cette affaire là ce n'est pas tant la question des chiffres qui est importante, que la question de la méthode », assure Marie-Guyte Duffay.

Pour Aletheia Press, Benoit Delabre