Flowverglass, l’alchimiste verrier de Missery

A l’occasion des Journées Européennes des Métiers d’Art, du 6 au 11 avril, visite de l’atelier Flowverglass, à Missery en Côte-d’Or. Florian Harling y fait revivre d’anciennes recettes de verre et redécouvre des couleurs et des formes oubliées.

Le soufflage du verre. (@Aletheia Press/Arnaud Morel)
Le soufflage du verre. (@Aletheia Press/Arnaud Morel)

En poussant les portes de l’ancienne grange transformée en atelier verrier, se dévoile le petit univers de Florian Harling, le maître des lieux. Ici, le quinquagénaire travaille le verre, dans un geste quasi-immuable depuis des millénaires.

Une dizaine de cannes sagement alignées sont maintenues à température élevée. Florent Harling se saisit de l’une d’elles, qu’il approche du creuset, et cueille une « bosse », une masse de verre fondu. Le verrier souffle alors dans la canne, et la masse ronde incandescente se gonfle placidement quand l’air se dilate à sa chaleur. Tout en maintenant une lente rotation de sa canne, il sculpte la matière avec ses pinces, la chauffe à nouveau, l’étire, l’évase. « Je travaille le verre depuis près de trente ans, c’est un univers sans fin, où il y a toujours à apprendre », note l’artisan.

Tracer son propre chemin

Né en Suisse en 1968, Florian Harling s’est initié à de nombreux métiers, avant de découvrir le verre : une formation de mécanique agricole, un cursus de deux ans aux Beaux-Arts de Bâle, mais aussi une initiation au tournage du bois, ou au coulage du bronze, ont précédé un cursus interrompu au Centre de recherches et de formation aux Arts Verriers de Vannes-le-Châtel. « J’ai quitté cette formation censée durer deux ans après sept mois, j’avais envie de tracer mon propre chemin », explique-t-il.

En matière de cheminement personnel, on trouvera difficilement plus singulier. Car Florian Harling ne se contente pas de couler et de souffler le verre, il le réinvente, le redécouvre. « J’ai fait pas mal de recherches pour dénicher des recettes de verres anciens, parfois vieilles de plus de 200 ans, que j’expérimente », raconte-t-il. Ses premiers essais se révèlent décevants, avant la révélation.

Florian Harling s’est initié à de nombreux métiers, avant de découvrir le verre. (@Aletheia Press/Arnaud Morel)

Éloges de l’impureté

« J’essayais de fabriquer un verre d’ambre, avec une recette des années 70, et je n’obtenais pas le résultat escompté. C’est là que j’ai compris qu’il fallait que j’invente mes propres mélanges de sable, de soude et de chaux. Aujourd’hui, les produits dont nous disposons sont hyper purifiés, ce qui n’était évidemment pas le cas historiquement », poursuit-il.

De fait, une partie de ses recherches le conduit à ajouter des éléments étonnants dans son mélange, notamment organiques : des céréales, de la bouse de vache, ou encore des copeaux de bois. Avec ses recettes maison, les endroits secrets où il prélève ses différents sables, Florian Harling fait revivre des couleurs oubliées, parfois impossibles à réaliser à partir des composants proposés aux verriers. Verre ambré, rose, vert, la palette semble infinie.

Chaque fusion produit un verre unique, et des objets du quotidien qui le sont tout autant. L’artisan vend sa petite production en direct et sur son site internet. La demande excède nettement l’offre, tant la poésie de ces pièces à l’ancienne séduit. Florian Harling aime partager son savoir-faire et participe, cette année encore, aux Journées Européennes des Métiers d’Art, du 6 au 11 avril. Il ouvre son atelier du vendredi 9 au dimanche 11 avril. Restrictions sanitaires obligent, il faut prendre rendez-vous par téléphone pour programmer une visite individuelle.

Pour Aletheia Press, Arnaud Morel