Effets du coronavirus : Bercy annonce des mesures de soutien

Effets du coronavirus : Bercy annonce des mesures de soutien

Bercy réactive des mesures de crise pour aider les entreprises déjà en difficultés, liées à l’épidémie du coronavirus. Mais cette crise sanitaire met en exergue un problème de dépendance, structurel.

Les mesures mises en place pour faire face à la crise des «Gilets Jaunes» et aux effets des grèves contre la réforme des retraites sont maintenues. Le 21 février, à Bercy,  Bruno Le Maire, ministre de l’Économie a précisé le dispositif destiné à aider les entreprises, face aux conséquences de l’épidémie du coronavirus (Covid-19). Concrètement, il s’agit  donc de mesures d’étalement de cotisations, d’activité partielle et de dérogations sur les heures supplémentaires. Le ministre a pris la parole, à la suite d’une réunion organisée avec les représentants de plusieurs filières économiques et industrielles, destinée à faire un état des lieux de leurs difficultés. «Cette épidémie touche un certain nombre de chaînes de valeur industrielles, qui ont du mal à s’approvisionner, touche un certain nombre de PME, en particulier dans l’hôtellerie et la restauration, et remet en cause aussi un certain nombre de chaînes de valeur qui sont trop dépendantes de leur approvisionnement à l’étranger», a détaillé Bruno Le Maire, cité par l’AFP, le 22 février. 

Par ailleurs, «nous demandons aux grands donneurs d’ordre de faire preuve de solidarité»  a ajouté Bruno Le Maire. Ces entreprises sont invitées à ne pas appliquer de manière normale des pénalités de retard, vis à vis de fournisseurs qui pourraient connaître des problèmes d’approvisionnement depuis la Chine. Et enfin, pour certains cas très spécifiques, Bercy étudie «la possibilité de considérer le coronavirus comme un cas de force majeure». Cette disposition permettrait aux entreprises concernées de surseoir à leurs obligations contractuelles, rapporte l’agence de presse.

Une interdépendance structurelle

A ce stade, l’épidémie devrait avoir amputé de 0,1 point la croissance économique française cette année, d’après Bercy. Et les secteurs impactés sont nombreux, à commencer par celui du tourisme.  Aujourd’hui, il y a «30 à 40% de touristes en moins en France», estime Bruno Le Maire. Par ailleurs, des entreprises de filières très différentes ont déjà annoncé des difficultés : dans le luxe, le groupe  Kering (Gucci, Balencia…) a noté une forte baisse de ses ventes en Chine. L’usine de Schneider Electric, spécialiste de l’énergie, sise à  Wuhan, est à l’arrêt et l’entreprise s’attend à 300 millions d’euros de pertes au premier trimestre. Au delà son impact immédiat, cette épidémie doit «nous interroger sur notre dépendance stratégique, en termes d’approvisionnement sur certaines filières» a pointé Bruno Le Maire. C’est notamment  le cas pour l’automobile, mais aussi pour la santé : la France achète en Asie nombre des matières premières nécessaires aux composants actifs de médicaments.  Reste à savoir comment et combien la France pourrait réduire cette dépendance. A en suivre Mary-Françoise Renard, économiste, auteure de «L’économie de la Chine», interrogée par le journal 20 Minutes, cette démarche ne peut être que «limitée». En effet, les entreprises ont intérêt  à se  rapprocher du marché potentiellement immense que représente la Chine, (1,38 milliard de personnes). Par ailleurs, cette dernière maîtrise une partie importante de l’approvisionnement mondial de certaines matières premières, comme les terres rares, nécessaires aux smartphones, panneaux solaires et technologies militaires…

Anne DAUBREE