Un parfum de succès à Bourbon-Lancy

D’abord créateur d’eau de Cologne, le parfumeur Jardin de France, installé à Bourbon-Lancy, a fait évoluer son métier historique pour concevoir des collections de parfums. Alors que l’entreprise exporte dans une vingtaine de pays, elle souhaite renforcer son ancrage local.

Le parfumeur Jardin de France s’inscrit dans l’histoire du territoire de Bourbon-Lancy et entend renforcer son ancrage territorial. (© Jardin de France)
Le parfumeur Jardin de France s’inscrit dans l’histoire du territoire de Bourbon-Lancy et entend renforcer son ancrage territorial. (© Jardin de France)

Parfumeur artisanal, Jardin de France a vu le jour en 1920 à Amboise avant de déménager en Saône-et-Loire, à Bourbon-Lancy. A la tête de l’entreprise depuis 1996, Bertrand Sonnier a été séduit par son savoir-faire historique dans la création de parfum. « Le métier de base de Jardin de France consistait à créer des eaux de Cologne. Mais quand le marché s’est estompé et que le parfum s’est démocratisé, l’entreprise s’est tournée vers les eaux de toilettes et les eaux de parfum. »

Contrairement à de nombreuses marques, Jardin de France et son dirigeant se félicitent de rester artisanaux et indépendants en ne sous-traitant pas la création olfactive. « Nous disposons d’un nez en interne, Justine Baligand. Elle imagine des collections puis sollicite des laboratoires à Grasse. Elle joue les chefs d’orchestre en demandant les mélanges qui aboutiront à ses créations. »

Privilégier son territoire

Jardin de France compte ainsi quatre collections, une trentaine de fragrances et en sort un nouveau tous les deux ou trois ans. Le parfumeur les propose au grand public à travers son site marchand, mais se tourne surtout vers son territoire. Un magasin d’usine a vu le jour pour les amateurs tandis que l’entreprise organise des visites de ses ateliers. « Nous souhaiterions également mettre en place des ateliers olfactifs où chacun pourrait créer son propre parfum, mais nous sommes pour l’instant contraint par l’espace et le temps disponible » regrette Bertrand Sonnier.

Cette volonté de renouer avec son ancrage local s’inscrit dans une tendance plus large. « On constate un retour à des parfums plus simples, plus authentiques, plus frais mais aussi moins entêtants et moins marketés. » Jardin de France espère ainsi accompagner les choix du consommateur vers les produits locaux et l’artisanat de qualité.

« Nous n’essayons pas de concurrencer les grands noms de la parfumerie. Nous nous tournons vers des revendeurs plus confidentiels et des parfumeries indépendantes qui cherchent des marques de créateurs moins commerciales et originales afin de se différencier. » L’équipe de 15 personnes du Jardin de France conçoit des registres olfactifs se différenciant et se lance le défi de créer des parfums qui ne donnent pas une impression de « déjà vu ».

Savoir rebondir

Le chiffre d’affaires de 3,9 millions d’euros de l’entreprise repose, pour l’heure, principalement sur l’export. Alors que l’eau de Cologne des débuts trouvait sa place sur les étagères des pharmacies de France, les parfums Jardin de France se vendent désormais au Moyen-Orient, en Indonésie, mais aussi au Brésil, où l’eau de Cologne continue également à être plébiscitée.

Pourtant, la crise sanitaire a engendré une baisse de 30 % du chiffre d’affaires. Pour y faire face, Bertrand Sonnier a pu se tourner vers les deux autres activités qu’il a créées : la création de compositions cadeaux pour les Ehpad et celle de kits d’hygiène de première nécessité pour l’humanitaire et l’action sociale.

Pour Aletheia Press, Nadège Hubert