Téléphonie mobile : les vraies et fausses promesses de la 5G

Téléphonie mobile : les vraies et fausses promesses de la 5G

Les enjeux de la 5G sont immenses pour les opérateurs. Sur le papier, la 5G promet de multiples avancées. Ces affirmations sont-elles justifiées à l’heure où des initiatives tendent à bloquer ou retarder les expérimentations en cours ?

La 5G vit des heures de turbulences. Qui s’attendait au coup d’arrêt porté en Suisse ou dans certaines villes de France ayant viré au vert ? Le principe de précaution est invoqué face aux possibles effets des ondes radio – non vérifiés – sur la santé. Pourtant les enjeux sont lourds. Beaucoup d’opérateurs – et pas seulement les quatre de la téléphonie mobile en France –  se pressent au portillon de l’attribution des fréquences : la vente aux enchères débute en cette fin septembre.

Dix fois plus rapide? Pas partout.

Si vous demandez à un opérateur quels sont les avantages clés de la 5G, il y a de grandes chances qu’il utilise l’argumentaire des «trois dix» : dix fois plus rapide, une latence dix fois plus faible, dix fois plus d’objets connectés par antenne.

La 5G promet des débits allant jusqu’à 10 Gb/s. Certes, mais uniquement sur les nouvelles fréquences, comme la bande des 26 GHz, d’une portée très courte. Seules les zones ultra-denses, comme les centres urbains ou les quartiers d’affaires, pourront donc tirer profit des 26 GHz pour proposer des débits dignes de la fibre. À noter : les débits réels seront plus faibles, car la bande passante disponible reste partagée.

Sur les bandes de fréquences classiques, les débits devraient rester équivalents à ceux proposés avec la 4G. La libération d’une nouvelle bande de fréquences, celle des 3,6 GHz, promet toutefois un débit en croissance en zone rurale, avec une portée correcte. En résumé, la 5G n’apportera un surcroît notable de vitesse qu’à certains endroits stratégiques. Le reste du pays, en particulier les zones rurales, devront se contenter de débits en progression, mais qui ne dépasseront probablement pas ceux des meilleures offres 4G+ actuelles, soit environ 1Gb/s.

Une latence dix fois plus faible? Oui, et plus encore.

L’argument de la latence est – lui – incontestablement exact. La latence est le temps qui sépare une requête du début de la réception des données. Avec un temps de latence plus court, de nombreuses applications industrielles deviennent possibles : véhicules autonomes connectées, opérations médicales à distance, surveillance en temps réel de malades, etc. Une latence plus faible permet également des applications grand public, comme la réalité virtuelle ou augmentée, ainsi qu’une meilleure réactivité sur le Web.

La latence sera donc l’une des grandes avancées de la 5G, même s’il ne faut pas oublier que la 4G est un standard lui aussi en évolution en termes de débits comme de latence.
Il reste toutefois un domaine dans lequel la 5G marque des points : le Network Slicing. Il permet de créer des classes de service avec, pour chacune, un degré de priorité différent. La garantie que les services critiques fonctionneront toujours avec une latence minimale, même en cas de forte affluence sur le réseau.

Une moindre consommation électrique? Indirectement.

Les promoteurs de la 5G espèrent convaincre avec un argument choc : les antennes 5G utilisent plus efficacement l’énergie qui leur est fournie. Les pylônes 5G sont composés d’un ensemble de petites antennes (Massive MIMO) capables d’adresser directement un utilisateur, sans arroser inutilement tout l’espace environnant. Mieux, elles se mettent en veille lorsque inutilisées (Sleep Mode). En zone rurale, où peu d’utilisateurs se connectent à une même antenne, les gains seront importants. Et en ville? Le rapport consommation sur nombre d’utilisateurs desservis jouera toujours en faveur des antennes 5G.

Mais le véritable gain est ailleurs : capable d’accepter plus d’objets par antenne, la 5G permettra à terme aux opérateurs de débrancher les réseaux radio bas débit Sigfox ou LoRa (un mouvement déjà amorcé avec le LTE-M), tout en démocratisant toujours plus l’Internet des Objets (IoT). À la clé, des applications de Smart Grids, Smart Cities, Smart Buildings, voire Smart Farms, qui apporteront une meilleure gestion globale de nos ressources.

La 5G proposera-t-elle aussi des avancées dans le télétravail ou l’école à distance, comme l’affirment opportunément certains opérateurs ? Indéniablement non, ces activités étant liées à l’essor de la fibre, et non des réseaux mobiles.

David FEUGEY