Côte d'Or

Sintermat explore le frittage SPS de matériaux naturels biosourcés

La jeune entreprise côte-d’orienne se diversifie sur le marché de l’emballage haut de gamme et se renforce dans ses verticales historiques, la défense et l’aéronautique.

Yann Cramer, directeur général adjoint de Sintermat. (Aletheia Press /Arnaud Morel)
Yann Cramer, directeur général adjoint de Sintermat. (Aletheia Press /Arnaud Morel)

La SAS Sintermat, désormais implantée à Montbard (21), explore de nouvelles voies de valorisation de la technologie innovante qu’elle développe, le frittage SPS. Elle applique notamment celui-ci sur des matériaux naturels biosourcés comme la coquille d’huître, le chanvre, ou encore le sarment de vigne pour fabriquer des emballages destinés à l’industrie cosmétique et aux parfumeurs. « Nous avons adapté la technologie de frittage SPS pour créer des emballages qui contiennent moins de plastique. Le coût de mise en œuvre reste élevé, la proposition de valeur vise plutôt le segment haut de gamme », décrit Yann Cramer, directeur général adjoint de Sintermat.

Monter la température dix fois plus vite

Ce faisant, le frittage SPS (spark plasma sintering) sort un peu de son champ d’application habituel de la métallurgie des poudres. Inventée au Japon il y a quelques dizaines d’années, cette méthode de frittage consiste, comme le frittage traditionnel, à former une pièce à partir de poudres de métal dans un moule sous contrainte, porté à très haute température. La différente tient à l’application simultanée d’un fort courant électrique.

L’apport de cette technologie, c’est la vitesse de montée en température. « Quand elle est de 20 à 40° par minute avec le frittage, elle s’établit à plus de 1 000° minute avec le frittage SPS, souligne Yann Cramer. Or, dans la métallurgie, augmenter la température du matériau créé du grossissement de grain dans la matière, voire, dans le cas d’alliage, conduit à la formation d’intermétalliques, des imperfections qui limitent les performances des matériaux. Quand on peut monter en température dix fois plus rapidement, on ne laisse pas au grain le temps de grossir, ni aux intermétalliques le temps de se former. » Ce qui conduit à la forte augmentation des performances de la pièce.

Défense et aéronautique

Fondée en 2016 par le chercheur de l’Université de Bourgogne Foad Naimi, Sintermat s’est développé autour de deux verticales historiques, la défense et l’aéronautique, auxquelles elle a adjoint au fil des années l’horlogerie et l’outillage de pointe. « Nous fabriquons des têtes d’extrusion qui ont une durée de vie trois fois supérieure aux têtes frittées classiques. De fait, elles exigent trois fois moins de maintenance et d’immobilisation des machines », note le responsable. Sintermat emploie 20 personnes et ne divulgue pas son chiffre d’affaires, se bornant à indiquer que celui-ci est en « progression constante » et a été multiplié par trois entre 2020 et 2021. L’entreprise vient, par ailleurs, de s’installer dans de nouveaux locaux à Venarey-les-Laumes, son implantation historique à Montbard se révélant insuffisante pour sa croissance.

Pour Aletheia Press, Arnaud Morel