Saône-et-Loire : un fonds de soutien aux chefs d’entreprise en détresse

© CCI Antoine Diaz, vice-président de la CCI  de Saône-et-Loire.
© CCI Antoine Diaz, vice-président de la CCI de Saône-et-Loire.

La CCI aide les chefs d’entreprise à sortir de la détresse morale et financière liée à un dépôt de bilan. Elle reçoit l’appui financier du Conseil départemental dans cette démarche humaniste.

Depuis 2013, la CCI de Saône-et-Loire maintient un dispositif d’aide d’urgence aux chefs d’entreprise qui déposent le bilan. Celui-ci vise à pallier l’urgence, et à éviter le pire, qui peut aller jusqu’au suicide. « Nous donnons un peu d’argent, ne serait-ce que pour remplir un caddie et mettons en place un accompagnement administratif. Nous apportons également un soutien psychologique, pour aider les personnes à rebondir après ce qui est souvent vécu comme un drame », décrit Claudine Krumb, pierre angulaire du dispositif au sein de la chambre consulaire. En sept années d’existence, le fonds de soutien a été en contact avec 134 entrepreneurs en difficulté. Pour la période 2020-2022, la CCI reçoit une aide notable du Conseil départemental, qui abonde le fonds à hauteur de 100 000 €, lesquels s’ajoutent à une somme équivalente apportée par la chambre. « En moyenne, nos interventions se montent à 870 €, c’est peu mais déterminant », note Antoine Diaz, vice-président de la CCI en charge du dispositif. Car il n’est pas ici question de sauver une entreprise, mais bien de venir en aide au chef d’entreprise, personnellement.

Réduire les risques financiers des porteurs de projet

Avant d’aider, il s’agit de repérer les personnes en difficulté, qui généralement intériorisent leur échec. Pour cela, la CCI s’appuie sur un maillage fin : personnel consulaire, avocats, liquidateurs, juges aux tribunaux de commerce sont ainsi susceptibles d’attirer l’attention sur la situation d’un chef d’entreprise en difficulté. La diversité des situations est énorme, et l’aide peut parfois être vitale. « Nous avons aidé une dame qui tenait un bar, et en était réduite à vivre dedans, avec son fils de 7 ans. On allait lui couper l’électricité, elle avait un terrible sentiment d’échec », se souvient Claudine Krumb. Quelques années après la prise en charge, l’ancienne patronne de bar , qui a retrouvé un emploi salarié, a assuré qu’elle « n’oublierait jamais » le coup de main qu’elle a reçu.

« L’action de notre fonds de soutien répond à des besoins primaires : où vais-je me loger, comment vais-je manger. Les chefs d’entreprises qui déposent le bilan se retrouvent dans des situations terribles, et bien souvent ne sollicitent même pas les aides sociales auxquelles ils ont droit », note Pascal Leyes, directeur général de la CCI. Le dispositif est désormais accessible à tous ressortissants -à l’exception de ceux dépendant de la Chambre d’Agriculture- en phase de dépôt de bilan et en détresse morale/financière. Il s’enclenche avec un simple dossier, examiné par une commission consulaire, qui essaye de séparer le bon grain de l’ivraie. « Nous aidons les chefs d’entreprise dans le besoin, nous ne voulons surtout pas de moutons à cinq pattes qui enchaînent les dépôts de bilan plus ou moins frauduleux », tient-il à préciser.

Pour Aletheia Press, Arnaud Morel