Conjoncture

Les PME-TPE entre préoccupations financières et défis environnementaux

La situation financière reste tendue pour les PME et TPE., avec une trésorerie fragile et des investissements qui ralentissent, confirme le dernier baromètre Bpifrance Le lab/ Rexecode. Néanmoins, ces entreprises maintiennent leur engagement vers la sobriété énergétique. Confrontées à la hausse de leur facture, près de la moitié d’entre elles ont réduit leur consommation d’électricité, gaz ou pétrole.


© Adobe Stock.
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La santé financière des PME et TPE en cette fin d’année reste préoccupante, selon le dernier baromètre trimestriel, publié le 14 novembre par Bpifrance Le Lab et Rexecode. Les résultats dévoilent une trésorerie dégradée pour ce dernier trimestre 2023, avec des difficultés accrues en matière d’encaissements et de crédit. Au cours de la seconde moitié d’octobre, les délais de paiement des clients signalés atteignent leur niveau le plus élevé depuis 2017 et les coûts énergétiques affichent une nette augmentation. « Le jugement sur la situation de trésorerie des trois précédents mois perd cinq points, tandis que ceux sur les situations actuelle et future reculent chacun de quatre points », indique l’étude. Et l’accès au crédit auprès des banques et établissements financiers devient moins aisé. À 22%, la part des dirigeants faisant face à des obstacles pour obtenir un financement pour leur exploitation courante progresse d’un point par rapport au trimestre précédent. Et 21% d’entre eux signalent des obstacles dans le financement de leurs dépenses d’investissement, en hausse de trois points comparativement au précédent baromètre.

La dynamique d’investissement s’affaiblit

Dans un contexte économique peu porteur, les intentions d’investissement fléchissent : elles reculent de cinq points passant de 57% ( en T3) à 52%, ce trimestre, même si elles restent bien orientées sur un an (+3 points). À 23%, la proportion de dirigeants anticipant une augmentation de leurs dépenses d’investissement pour cette année affiche une baisse de cinq points, bien en dessous de sa moyenne de long terme (28%). Celles-ci concernent principalement la modernisation des équipements et des installations visant à améliorer la productivité. La sensibilité verte se maintient par rapport au trimestre précédent, avec 43% des dirigeants qui investissent cette année pour des raisons environnementales.

Concernant leur activité, les patrons des PME-TPE demeurent confrontés à des difficultés de recrutement importantes, principale préoccupation pour 53% d’entre eux. Les autres inquiétudes sont liées à la baisse de la demande (43%) et à l’augmentation des coûts (35%). En outre, les problèmes d’approvisionnement, incluant les prix et les délais de livraisons, persistent, 59% des dirigeants affirmant devoir y faire face. Autant d’éléments qui conjugués à l’inflation, créent un environnement de plus en plus compliqué pour les PME-TPE.

Bonne nouvelle pour l’environnement

Les initiatives de sobriété énergétique mises en place par les PME-TPE se sont traduites par une diminution significative de leur consommation d’énergie. Près de la moitié d’entre elles (49%) ont amélioré leur efficacité énergétique tout en maintenant le même niveau de production. Et la plupart des dirigeants (78%) semblent confiants quant à la pérennité de ces économies d’énergie. Mais en dépit de cette réduction de consommation, près de deux tiers ont vu leur facture énergétique augmenter.

Environ 22% des PME-TPE ont réalisé un investissement vert cette année, dans trois domaines principaux : l’amélioration du système d’éclairage (47%), la gestion des déchets (39%) et celle des flottes automobiles (32%). Cette stratégie est motivée par la sensibilité personnelle du dirigeant à la question environnementale (36%), devant le désir de renforcer la notoriété de l’entreprise (29%) et la volonté de réduire les coûts de production (25%). Pour près de la moitié (48%) des TPE/PME réalisant ces investissements le facteur déclenchant ou accélérateur a été la crise énergétique.

Cependant, le principal frein demeure le manque d’alternatives technologiques sur le marché, signalé par 27% des entreprises interrogées, devant les considérations financières.

Conscientes de l’importance de la décarbonation, les PME-TPE sont disposées à prendre des mesures pour réduire leur empreinte carbone. Alors que seulement 5% confirment avoir effectué un bilan carbone, 25% d’entre elles se disent prêtes à s’engager dans cette démarche prochainement. Une proportion similaire prévoit une action de décarbonation au cours des trois prochaines années...Sous réserves que cela n'engendre pas une perte de rentabilité. A suivre.

AÏcha BAGHDAD et B.L