Les héliciculteurs régionaux confrontés à une météorologie difficile

Printemps froid et manque d’ensoleillement en été, les héliciculteurs ont été à la peine en 2021. Zoom sur une production locale qui doit relever de nombreux défis.

On compte une cinquantaine d’héliciculteurs professionnels dans la région. (© CFA-CFPPA de Châteaufarine)
On compte une cinquantaine d’héliciculteurs professionnels dans la région. (© CFA-CFPPA de Châteaufarine)

Sur les tables, durant les fêtes, les escargots cuisinés auront été en bonne place, plus particulièrement dans la région. Mais les héliciculteurs locaux ont connu quelques turbulences en 2021. La production locale emblématique a des opportunités à saisir, puisque 95 % de la consommation française est importée. Mais elle doit aussi faire face à des conditions météorologiques difficiles et un manque d’organisation.

Un printemps trop froid

« Aujourd’hui, il n’y a pas de réelle organisation de filière, c’est un travail en cours » constate Nicolas Buy, responsable atelier Hélicicole au CFA-CFPPA de Châteaufarine à Besançon. Une cinquantaine de producteurs professionnels, produisant entre 150 000 et 500 000 escargots annuellement, sont ainsi identifiés sur la Bourgogne-Franche-Comté. Mais de nombreux ateliers, souvent de plus petite taille, passent sous les radars. « C’est une production qui demande beaucoup de technicité. Mais il n’existe que deux centres de formation et certains préfèrent aller sur Internet » regrette Nicolas Buy.

Hygrométrie, température et luminosité sont les principaux paramètres influençant sur la rentabilité du « gros gris », Helix aspersa maxima, utilisé en élevage dans la région. « En 2021, les conditions météorologiques ont été mauvaises toute l’année. De la mi-mars à la mi-mai, il a fait très froid, ce qui a retardé la reproduction. Les escargots ont été lâchés dans les parcs avec 15 jours à un mois de retard, ce qui est énorme sur un cycle de 120 jours. Cela aurait pu se rattraper avec un bon ensoleillement, mais cela n’a pas été le cas » résume le formateur. Les élevages ayant un parc très ensoleillé s’en sont mieux sortis. « Les années précédentes, ces producteurs-là ont souffert de sécheresse… » glisse Nicolas Buy.

Des tailles hétérogènes

Résultat, la taille des animaux a été très hétérogène. Les plus petits ne pouvaient être vendus cuisinés dans leur coquille, le principal débouché pour les producteurs de la région qui fonctionnent tous en circuit court. « Ceux-là ont été transformés par exemple en fromentine, dans une petite coquille en gaufrette. La problématique était de réorienter les clients sur ces produits pour qu’ils ne repartent pas les mains vides et aillent faire un achat dans les grandes surfaces qui importent » complète Nicolas Buy. A cela, se sont ajoutés des dégâts de nuisibles conséquents pour certains élevages.

Le constat, à la sortie des fêtes, est plutôt bon pour les héliciculteurs. « Mais nous nous demandons en quelle mesure la pression atmosphérique a pu influer sur les élevages en 2021, rebondit Nicolas Buy. Pour en savoir plus, il est nécessaire de faire de la recherche. Et pour cela, nous avons besoin d’une véritable filière… »

Pour Aletheia Press, Laetitia Brémont

Investissements mesurés pour démarrer

Pour dégager un Smic, une surface de 550 m2 avec un chargement de 320 escargots/m2 sont nécessaires. « Avec 10 000 euros pour la partie élevage, on peut se lancer et louer un laboratoire pour la transformation » constate Nicolas Buy, responsable atelier Hélicicole au CFA-CFPPA de Châteaufarine à Besançon. Pour avoir son propre labo de transformation, la note grimpe en revanche, autour de 50 000 euros. Le formateur voit aujourd’hui beaucoup de porteurs de projets en agriculture biologique. « Le chargement doit être moins important – 250 escargots/m2 – et les compléments alimentaires utilisés être certifié AB » précise-t-il.