Numérique

Les Français et le numérique : principales tendances et enjeux clés

Accès à Internet, usages numériques, maîtrise des outils… Le point sur les principaux enseignements de la dernière édition du Baromètre du numérique, publiée fin janvier, qui révèle, notamment, que plus d’une personne sur deux est devenue « accro » à Internet.

Réalisé par le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Credoc)*, le Baromètre du numérique permet de mesurer, chaque année, la diffusion des équipements et des usages numériques au sein la société française. « Ce baromètre nous permet de savoir comment le numérique fait évoluer la vie quotidienne des Français », a expliqué le ministre délégué chargé de la Transition numérique et des télécommunications, Jean-Noël Barrot, lors de la présentation à la presse d’une partie des résultats, le 30 janvier au ministère de l’Économie. Il permet de constater « l’hétérogénéité de l’impact du numérique dans la population » et d’identifier « les inquiétudes auxquelles le gouvernement doit apporter un certain nombre de réponses ».

Réseaux fixes : un Français sur deux a accès à la fibre ou au câble

Il ressort de l’édition 2022 que 92% des Français de plus de 12 ans sont connectés à Internet et que 82% sont des internautes quotidiens. Répartis selon les classes d’âge, ils sont 96% à utiliser Internet chez les 60-70 ans, mais seulement 63% chez les plus de 70 ans. Sans surprise, le principal terminal d’accès à Internet est aujourd’hui le smartphone, devant l’ordinateur. 56% des utilisateurs d’Internet sur réseaux fixes disposent désormais de la fibre optique ou du câble, mais il reste de grandes inégalités pour y accéder, selon les territoires. L’accès via Internet est aujourd’hui prédominant pour la télévision (seuls 17% utilisent encore la TNT), mais minoritaire pour la radio : 75% des Français écoutent la radio ou des contenus audio (podcasts ou musique) en direct ou à la demande, mais ils sont deux fois plus nombreux à le faire plus souvent via le poste de radio que via Internet. Dix ans après le lancement du plan France Très haut débit, « nous travaillons actuellement à un droit au très haut débit pour tous », a déclaré Jean-Noël Barrot.

La fin de la crise sanitaire n’a pas mis fin au e-commerce

L’usage de la messagerie instantanée (notamment, chez les 40 ans et plus) et des applications de téléphonie par Internet continuent d’augmenter, et la fin de la crise sanitaire n’a pas nui au commerce en ligne : 77% des Français achètent des biens sur Internet et 55% sont abonnés à un service de vidéo à la demande. On observe également une forte croissance des objets connectés : 40% des Français sont équipés d’au moins un objet connecté dans leur foyer (en lien avec la santé, la sécurité, l’électroménager ou la domotique). Un sur cinq a déjà testé un casque de réalité virtuelle et la même proportion aimerait bien le faire.

La participation aux réseaux sociaux en baisse

Les personnes interrogées ont déclaré passer en moyenne 32 heures par semaine devant un écran (hors activité professionnelle), dont 17 heures de télévision, 8 heures de vidéo et 6 heures de jeux vidéo. La participation aux réseaux sociaux décroît, notamment chez les jeunes, et 42% des internautes ont déjà eu recours aux dispositifs de signalement de comptes ou de contenus inappropriés mis en place par les réseaux sociaux ou les plateformes de partage de vidéos. 58% des personnes interrogées ont déclaré qu’elles ne pourraient pas se passer d’Internet plus d’une journée sans que cela leur manque (surtout les messageries et les réseaux sociaux). Enfin, 56% sont sûrs ou pensent probable d’avoir été victime d’un « accès indésirable » à leurs données personnelles. « Nous travaillons sur un filtre anti-arnaques », a expliqué Jean-Noël Barrot, et sur des solutions pour « mieux protéger les enfants » (cyberharcèlement, pornographie, etc).

Inclusion numérique : les écarts se creusent

Deux ans après la crise sanitaire, 56% des Français ont le sentiment de mieux maîtriser les outils numériques. Mais les inégalités s’accentuent entre catégories sociales : 71% des cadres et professions intellectuelles estiment s’être mieux appropriés les outils numériques pendant la pandémie, contre 43% des retraités et 38% des personnes non diplômées. Au final, 48% des Français éprouvent au moins une forme de difficulté qui les empêche d’effectuer des démarches en ligne, un nombre en hausse par rapport à 2021 et ce, dans toutes les catégories de la population. L’inclusion numérique reste une priorité pour le gouvernement « pour lever les freins et aller vers l’autonomie », a souligné le ministre, en s’appuyant notamment sur les 4 000 conseillers numériques déployés sur le territoire.

Numérique soutenable : il faut allonger la durée de vie des équipements

Cette année, le baromètre s’est plus particulièrement intéressé au sujet de la durabilité. Le numérique est responsable de 2,5% de l’empreinte carbone nationale, dont l’essentiel provient de la fabrication des terminaux (téléviseurs, écrans, smartphones…). Or, il ressort, entre autres, de l’étude que le taux de renouvellement des téléviseurs est extrêmement rapide : 47% des personnes sondées ont déclaré avoir remplacé leur téléviseur alors qu’il fonctionnait encore et seuls 10% des achats concernent des postes de seconde main. « Il y a urgence à agir pour allonger la durée de vie des équipements et renforcer les filières de reconditionnement », a déclaré le ministre, et « c’est l’objet des travaux lancés sous l’égide du Haut Comité sur le numérique écoresponsable ».

* Enquête réalisée entre juin et juillet 2022, auprès d’un échantillon représentatif de plus de 4 000 Français de plus de 12 ans, pour le Conseil général de l’économie (CGE), l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep), l’Agence nationale de la Cohésion des Territoires (ANCT) et l’Autorité publique française de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom)