Les entreprises confrontées à une hausse de l’absentéisme des salariés

Comme d’autres études récentes, le dernier baromètre annuel de Malakoff Humanis, alerte sur la santé mentale dégradée des salariés. Avec pour conséquence, un taux d’absentéisme qui a progressé pour la totalité des salariés, mais touche davantage les les managers.

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Outre qu’elles peinent à recruter, les entreprises doivent faire face à une forte progression de l’absentéisme au travail. C’est ce que confirme, comme d’autres études récentes, la 8ème édition du baromètre de Malakoff Humanis, groupe de protection sociale. Cette tendance concerne plus particulièrement les jeunes et les managers. Lors des 12 derniers mois, la moitié des salariés se sont vus prescrire au moins un arrêt maladie. Il s’agit d’un niveau record depuis 2016, où ce chiffre se situait à 41%. La hausse est estimée à 12 points par rapport à 2021. Les 18-34 ans sont ceux qui ont le plus connu d’arrêts de travail (58 %), avec la progression la plus importante (+12 points), note l’étude. Ce sont les PME (10-49 salariés) qui connaissent le plus fort taux de croissance de l’absentéisme : +18 points, pour se trouver quasiment à égalité avec les plus grandes entreprises (54 %).

L’étude précise les différentes causes des arrêts : ce sont notamment les maladies ordinaires (28%), le Covid (17%, mais en recul) et les troubles psychologiques (15%). Ces derniers représentent le principal motif des arrêts de longue durée (plus de 30 jours) avec un taux qui a plus que doublé au cours de ces trois dernières années, pour atteindre 32% (vs 14%, en 2020). Viennent ensuite les troubles musculosquelettiques (TMS), cités par 13% des salariés. Durant les deux années précédant leur arrêt long, des signes avant-coureurs ont été ressentis par plus de 80% des salariés : 47% ont éprouvé une fatigue excessive et 40% devaient faire face à une surcharge de travail. Ces deux chiffres sont en hausse de 8 points, par rapport à 2022.

Des managers sous pression

Les managers sont particulièrement concernés par la progression de l’absentéisme au travail. Parmi eux 53% se sont absentés au moins un jour en 2023, soit 13 points supplémentaires comparativement à l’année précédente. La moitié d’entre eux se disent stressés au travail, contre 38% pour les autres catégories de salariés. Parmi eux, 54% déclarent éprouver « des difficultés à gérer les priorités », tandis que 55% jugent qu’ils n’arrivent pas à concilier vie professionnelle et vie personnelle. Ces raisons amènent 13% des managers à consulter plus souvent un psychiatre ou un psychologue, contre 7% pour les salariés sans responsabilité managériale.

En outre, le travail hybride et le télétravail représentent une source de pression rendant leur mission plus complexe. Près de la moitié d’entre eux jugent que ces nouvelles formes de travail compliquent leurs tâches. « Ils disent notamment avoir des difficultés à détecter et à gérer les situations de vulnérabilité de leurs collaborateurs ou à répartir leur charge de travail », explique l’étude.

Des signes de désengagement

Résultat de cette situation, Malakoff Humanis a observé des signes de désengagement chez les managers , 45% d’entre eux déclarant être prêts à prendre un arrêt maladie, alors qu’ils ne sont pas souffrants, soit une hausse de 12 points par rapport aux autres salariés. Près de 36% d’entre eux admettent qu’ils ne sont pas investis dans leur travail, contre 25% pour les salariés sans fonctions managériales.

AÏcha BAGHDAD et B.L

Pour pallier cette situation, environ 47% des salariés affirment que leur entreprise a déployé des actions visant à prévenir leur mal-être. Alors que « les dirigeants sont plus nombreux cette année à déclarer avoir mis en place au moins un dispositif de prévention et d’accompagnement des arrêts maladie (79%, + 14 pts vs 2022) », précise le groupe.

Au cours des deux prochaines années, 27% des dirigeants s’attendent à une augmentation des arrêts maladie. Cette tendance serait, selon eux, principalement associée à des situations de fragilité des salariés (51%, +24 points vs 2021), à la baisse de leur engagement (51%) et, dans une moindre mesure, au vieillissement (38%).

Côté remède, les salariés sont convaincus que le principal facteur pour prévenir l’absentéisme est l’évolution de l’organisation de travail, tandis que pour les dirigeants, il s’agit de sensibiliser et assurer la formation des salariés aux problèmes engendrés par ce phénomène.