La start-up EktaH ouvre son capital à la SATT Sayens

Créée en juillet 2021, la start-up EktaH développe une molécule capable de lutter contre le surpoids et l’obésité. Pour lancer sa première phase clinique, la jeune pousse a mobilisé environ 200 000 euros et accueilli la SATT Sayens dans son capital.

Le Pr Naïm Khan (à g.) et Xavier Boidevezi (à dr.) ,co-fondateurs d'EktaH, entourent Catherine Guillemin, présidente de la SATT Sayens. (© SATT Sayens)
Le Pr Naïm Khan (à g.) et Xavier Boidevezi (à dr.) ,co-fondateurs d'EktaH, entourent Catherine Guillemin, présidente de la SATT Sayens. (© SATT Sayens)

Manger épicé n’a pas les mêmes effets sur une personne habituée à ces goûts ou sur un néophyte des saveurs fortes. La différence tient aux récepteurs gustatifs situés sur la langue. Sur le même modèle, les personnes souffrant d’obésité ont perdu leur sensibilité au gras et en mangent avec moins de limites. « Nous avons des leurres lipidiques qui vont tromper le cerveau et réactiver ce récepteur qui dysfonctionne » explique Xavier Boidevezi, co-fondateur de la start-up EktaH.

Associé à Naïm Khan, professeur au sein de l’université de Bourgogne primé pour ses travaux sur la perception gustative des lipides alimentaires, il dispose de 25 ans d’expérience dans l’agro-alimentaire, notamment en charge de la foodtech pendant cinq ans. Dans ce duo complémentaire, l’un se concentre sur les recherches scientifiques quand l’autre se consacre à la recherche de financements pour développer la solution nutritionnelle.

De la souris à l’homme

EktaH travaille sur un acide gras naturel, sans calories, qui va provoquer une réaction biologique entrainant le cerveau à réduire sa consommation alimentaire et donc faciliter la perte de poids. « Nous imaginons un spray à utiliser juste avant le repas, sous forme de cure, le temps que la langue retrouve sa sensibilité. » Alors que la start-up planche sur les dimensions techniques et industrielles du spray pour s’assurer de la stabilité de la molécule, après avoir fait ses preuves sur les souris, elle lance sa première étude clinique auprès de 30 personnes saines. « Elle vérifiera qu’il n’y a pas de risque de toxicité sur l’homme. Cette étude sera soumise aux mêmes contraintes qu’un candidat médicament. »

EktaH n’entend pourtant pas devenir un médicament à court terme, la démarche nécessitant des investissements trop conséquents. Mais elle prévoit d’être un complément alimentaire pour combattre le surpoids ou de franchir une étape supplémentaire en tant que dispositif médical et ainsi s’attaquer à la notion d’obésité.

Un vaste marché

Pour lancer son étude, EktaH a mobilisé environ 200 000 euros auprès de BPI France, Initiative Côte-d’Or ou encore l’Agence Economique Régionale. La SATT Sayens, Société d’Accélération du Transfert de Technologies, a accompagné les deux associés au cours de la phase de recherche, en amont de la constitution de la start-up et reste détentrice des deux brevets déposés en Europe et aux Etats-Unis. Elle a donc logiquement intégré le capital de la start-up DeepTech.

Le calendrier portant sur la suite du développement est déjà prévu avec une deuxième étude sur 100 personnes attendue en 2023 pour une mise sur le marché en tant que complément alimentaire espérée en 2025. « Nous commencerons en France puis en Allemagne avant de nous tourner vers le marché nord-américain qui compte plus de 100 millions de personnes en surpoids et plus de 150 millions atteintes d’obésité. Nous visons également les pays du golfe qui affichent un taux d’obésité de 36 % contre 17 % en France. » Avec 1,9 milliard de personnes souffrant de surpoids ou d’obésité dans le monde, la solution intéresse évidemment des investisseurs potentiels...

Pour Aletheia Press, Nadège Hubert