La péniche la Tourmente, avocate du fret fluvial, en escale à Chalon

© Aletheia Press / A. Morel L’épicerie de la péniche la Tourmente
© Aletheia Press / A. Morel L’épicerie de la péniche la Tourmente

Les initiatives se multiplient pour défendre le fret fluvial, notamment autour de la péniche la Tourmente, qui fait la tournée des ports entre Rhône et Saône. Elle était à Chalon-sur-Saône les 15 et 16 octobre dernier.

Amarrée au Port Villiers, au terme d’une manœuvre de précision, la péniche la Tourmente entend, autour d’une épicerie itinérante et une exposition consacrée au fret fluvial, redonner ses lettres de noblesse au transport des marchandises par voie d’eau. « Les aménagements de plaisance réalisés sur ce port rendent désormais difficile l’amarrage de péniches. C’est un peu une métaphore de la situation du fret fluvial en France, qui est souvent ignoré des pouvoirs publics. S’il n’y a plus de quais et d’entrepôts, comment voulez-vous miser sur le fluvial ? », remarque Jean-Marc Samuel, le capitaine de la péniche et président de la fédération Agir pour le fluvial. Pour la huitième année, ce « loup de fleuve » de 62 ans et son équipage voyagent sur les canaux du Midi, le bassin du Rhône et de la Saône à la rencontre des territoires dans le but de sensibiliser le grand public, les professionnels et les élus au monde fluvial.

Un fret fluvial significatif à Chalon-sur-Saône

L’escale chalonnaise a fait le plein côté public, et permis de rencontrer les pouvoirs publics, notamment la maire de Chalon-sur-Saône, et VNF (Voies navigables de France). Le transport fluvial, principalement dévolu, en France, au fret de céréales et de granulats, reste le parent pauvre des politiques publiques. « Il y a besoin d’un vrai plan Marshall des voies d’eau, comme le réclame Philippe Dorthe, le président du Grand Port Maritime de Bordeaux. Il faut développer le fret local avec des péniches au gabarit Freyssinet, pour viabiliser le réseau de canaux de petite taille. Tout le monde a à y gagner, le fret, mais aussi la plaisance, avec des voies d’eau mieux entretenues », assène Jean-Marc Samuel qui mise également sur le développement de réseaux d’approvisionnement en hydrogène, pour des bateaux plus verts. Chalon utilise toujours sa voie d’eau – la Saône – pour ses transports de marchandises.

« La navigation fluviale a assuré en 2019 un volume d’échange d’environ 800 000 tonnes au droit de Chalon, soit une croissance de 28% par rapport à 2018. Il s’agit principalement, sur les longues distances, d’exportation de céréales depuis les silos de Pagny, et de bois en direction des industries papetières du sud. Au niveau local, la navigation fluviale assure une desserte pour le marché de la construction notamment le BTP. Les unités fluviales parcourent de très courtes distances entre les carrières (Vergux notamment) et le port de Chalon », décrit Rachid Bioud, responsable du bureau Économie Transport et Prospective de Voies navigables de France. Le fret fluvial concerne également les industries lourdes : Framatome utilise également la voie d’eau pour transporter les cuves de réacteur nucléaire, tandis que Verallia songe à y recourir pour ses approvisionnements en matières premières et l’expédition de ses bouteilles en verre.

Pour Aletheia Press, Arnaud Morel