La foudrerie Marc Grenier assure sa croissance par l’excellence

L’entreprise, installée à Corberon, a triplé son chiffre d’affaires, réalisé pour moitié à l’export, ces six dernières années, dopé par la nouvelle popularité des foudres - des tonneaux de grande capacité - dans le monde viticole. Elle compte obtenir le label EPV dans les prochains mois.

Contrôle de température lors du brûlage d’un foudre. (@Aletheia Press /Arnaud Morel)
Contrôle de température lors du brûlage d’un foudre. (@Aletheia Press /Arnaud Morel)

Rémi Sylvain est un patron heureux : son entreprise de foudrerie connaît une enviable croissance et a eu l’honneur d’une visite ministérielle. Le 18 octobre dernier, Alain Griset, ministre délégué auprès du ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, chargé des petites et moyennes entreprises, est venu y présenter son plan « Indépendants » et y rencontrer des entrepreneurs locaux.

Fondée en 1982, la SARL Foudrerie Marc Grenier est installée à Corberon (21), près de Beaune. Reprise en janvier 2015 par Rémi Sylvain, elle vend en moyenne 200 foudres par an, pour moitié à l’export, principalement en Italie, aux USA et en Espagne. Son chiffre d’affaires a été multiplié par trois depuis cette date, s’établissant, en 2020, à 2,5 millions d’euros.

Des pièces exceptionnelles

« Le marché des foudres est en croissance, note Rémi Sylvain. Les grands contenants reviennent à la mode dans l’univers viticole, car ils simplifient la logistique et amènent un apport boisé très fin ». La surface de contact entre le vin et le bois est en effet deux fois moindre sur un foudre de 15 hectolitres que sur un tonneau de 228 litres. Ce qui explique la discrétion et la finesse des notes boisées d’un vin conservé en foudre.

Autre aspect, qui joue à plein en Bourgogne, les foudres sont des pièces exceptionnelles, avec une finition digne d’un ébéniste, qui donnent du prestige aux caves qui les accueillent. La foudrerie, d’ailleurs, entend faire reconnaître son savoir-faire d’excellence avec un label Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV) qu’elle espère obtenir début 2022.

Brûlage d’un foudre. (@Aletheia Press /Arnaud Morel)

Manque de main d’œuvre

L’équipe de 15 salariés fabrique des foudres de 8 à 65 hectolitres uniquement à partir de chênes français fournis par une trentaine de forêts. Le bois est séché entre trois et quatre ans, suivant l’épaisseur des douelles, 54 ou 65 mm. Celles-ci sont façonnées à l’aide de deux machines à commande numérique, achetées en 2016 et 2017, puis cintrées et assemblées. L’ensemble est chauffé pendant une journée entière, contre une heure en moyenne dans le cas des tonneaux. Les pièces sont ensuite poncées finement au sein de l’usine de 3000 m2.

Malgré un carnet de commande plein, Rémi Sylvain peine à recruter, et déplore l’absence de formation spécifique aux métiers de foudrerie. « Nous assurons seuls la formation de nos employés, qui sont difficiles à trouver. Nos métiers sont méconnus et pour pallier le problème, j’ai noué un partenariat avec la Maison familiale rurale de Grandchamp, pour des opérations portes ouvertes ou des stages », commente-t-il.

Cette problématique de main d’œuvre n’est pas la seule difficulté : l’entreprise doit également faire face au renchérissement considérable du coût des matières premières. « Le prix du bois a grimpé de 20 % depuis le début de l’année, et de 40 % pour les cercles en acier galvanisé », décrit l’entrepreneur.

Pour Aletheia Press, Arnaud Morel