Des laboratoires de l’université à la sécurité bancaire opérationnelle

Alors que les échanges entre les clients et leurs banques se dématérialisent, le secteur bancaire veut sécuriser les opérations. Une innovation de l’université de Bourgogne pourrait être exploitée dans ce sens.

Grâce à l’idée du chercheur Yannick Benezeth, Deepsense possède un dispositif complémentaire de reconnaissance faciale utilisable par la caméra d’un ordinateur, d’un smartphone ou d’une tablette. (@ Deepsense)
Grâce à l’idée du chercheur Yannick Benezeth, Deepsense possède un dispositif complémentaire de reconnaissance faciale utilisable par la caméra d’un ordinateur, d’un smartphone ou d’une tablette. (@ Deepsense)

A l’heure de la digitalisation sous toutes ses formes, le secteur bancaire cherche à sécuriser ses relations clients. Un chercheur de l’université de Bourgogne a imaginé une innovation mêlant intelligence artificielle et capteur cardiaque sans contact qui va en ce sens. Porté à maturation par la Société d’accélération du transfert de technologies, SATT Sayens, la solution vient de faire l’objet d’une licence exclusive avec la start-up Deepsense qui l’a intégré à sa solution de biométrie faciale.

Les variables physiologiques ont d’abord occupé les équipes de Deepsense. C’est dans ce contexte que Yassine Mountacif, fondateur de la start-up, a rencontré Yannick Benezeth, enseignant-chercheur au sein du laboratoire ImViA de l’université de Bourgogne. « Nous avions des points de convergence et avons gardé le contact », précise Yassine Mountacif.

Quand l’universitaire a mis au point sa solution software, « capteur rPPG » pour mesurer, en temps réel et sans contact, l'activité cardiaque d’une personne à partir d’un simple flux vidéo, l’entrepreneur a souhaité l’intégrer à sa start-up, Deepsense. « Il n’y a pas de capteur physique à intégrer, c’est une avancée technologique puisque n’importe quelle caméra standard donne accès aux informations de la rPPG. » La solution remote PhotoPlethysmoGraphy relève de l’intelligence artificielle avec des algorithmes auto-apprenants capables d’analyser à distance, les données physiologiques d’une personne.

De l’idée à la pratique

Souvent, les chercheurs aimeraient pouvoir suivre leurs travaux au-delà de la preuve de concept et passer du stade de prototype de laboratoire à un produit ou un logiciel industrialisable. « Les projets de maturation, soutenus par Sayens, visent justement à aider les chercheurs de l’université de Bourgogne dans ces étapes : ils leur donnent les moyens nécessaires pour poursuivre les développements techniques et aident aussi à avancer les réflexions sur la gestion de la propriété intellectuelle et les aspects commerciaux » explique Yannick Benezeth, Maître de Conférences au sein du laboratoire ImViA de l’université de Bourgogne. Sa technologie a ainsi pu se développer, maturée grâce à Sayens avant d’être transférée à Deepsense par l’intermédiaire d’une licence exclusive.

Deepsense possède un dispositif de reconnaissance faciale utilisable par la caméra d’un ordinateur, d’un smartphone ou d’une tablette. (@ Deepsense)

Toujours plus de sécurité

L’idée du chercheur est désormais exploitée et commercialisable dans la solution de biométrie faciale développée par Deepsense. « Il s’agit d’une brique qui vient renforcer notre outil et qui va contribuer à éviter la fraude », précise le fondateur de la start-up. Ainsi, un client qui va se connecter à son compte bancaire par reconnaissance faciale depuis son smartphone va, sans le savoir, faire appel à plusieurs dispositifs de sécurité, facile d’utilisation.

Le face matching vérifie que le selfie nécessaire à sa connexion correspond à la photo répertoriée par la banque tandis que la liveness detection s’assure du caractère vivant du client afin d’éliminer les tentatives d’usurpation réalisées avec une simple photo. « La digitalisation entraîne la non-intervention humaine. Mais il faut être capable de transposer les processus de sécurité au niveau digital pour attester de la validité d’un document et garantir les identités. »

Banque, assurance, location d’appartements, de voitures… Les utilisateurs de différents services nécessitant la validation d’une identité utiliseront peut-être, d’ici quelques mois à peine, en France et à l’international, une technologie en partie issue de l’Université de Bourgogne.

Pour Aletheia Press, Nadège Hubert