Côte d’Or : Un marché immobilier local en souffrance

Le point sur le marché de l’immobilier dans le département, avec Didier Levray, président de la Chambre interdépartementale des notaires de la cour d’appel de Dijon.

Le nombre de ventes immobilières réalisées au cours de l’année 2023 en Côte-d’Or baisse. (Chambre interdépartementale des notaires de la cour d’appel de Dijon)
Le nombre de ventes immobilières réalisées au cours de l’année 2023 en Côte-d’Or baisse. (Chambre interdépartementale des notaires de la cour d’appel de Dijon)

« Les volumes commencent à baisser » commente Didier Levray, président de la chambre interdépartementale des notaires de la cour d’appel de Dijon* en évoquant le nombre de ventes immobilières réalisées au cours de l’année 2023. Après le phénomène de rattrapage qui a suivi la crise sanitaire en 2021 et 2022, le marché semble donc s’apaiser, notamment en périphérie de Dijon avec une baisse significative des ventes. « Par contre, les prix ne baissent pas dans l’ancien et nous avons même des hausses avoisinant les 10% dans certains quartiers de Dijon et sur la Côte des vins. »

Une hausse des prix qui, associée à l’augmentation des taux du crédit justifient la baisse des opérations. « Les taux explosent par rapport à ce que nous avons connu, il y a deux ou trois ans. Ils ont été multipliés par quatre ou cinq et on se retrouve avec des gens qui ne peuvent plus emprunter. » Une partie de la population se retrouve donc exclue de l’accès à la propriété, notamment les primo-accédants en manque d’apport. Pour le notaire, cela va créer un déséquilibre à long terme sur le marché immobilier. « Dans dix ans, les primo-accédants n’auront donc pas de biens à revendre et le marché va se gripper avant une nouvelle crise. »

Le poids de la transition énergétique

D’autres publics se retrouvent en difficulté. Avec la loi sur les passoires thermiques et l’interdiction faite aux propriétaires-bailleurs de louer des biens étiquetés F ou G dès 2025, certains n’ont d’autres choix que de vendre, ne pouvant initier les travaux de rénovation. « Il y a un effet d’aubaine pour des investisseurs en capacité de faire les travaux, car certains appartements, notamment, se vendent plus bas. » Le marché propose ainsi des biens accessibles dès 2 000 euros du mètre carré.

Toutefois, des particuliers désireux de compléter leur retraite se retrouvent dans l’incapacité de faire les travaux d’isolation et de rénovation attendus. « Ils doivent choisir entre vendre à la baisse ou casser leur épargne. » Ceux qui décideraient de se lancer doivent également se confronter à des copropriétaires parfois réticents à financer les travaux.

Le neuf en difficulté

Dans le neuf, la situation ne s’annonce pas meilleure selon les notaires avec une hausse des prix de 10 à 13% en un an sur Dijon et la périphérie, atteignant jusqu’à 5 350 euros du mètre carré. « Cela devient de plus en plus cher à l’achat, en raison du renchérissement du coût des matériaux, du coût de l’énergie, des normes imposées et de la hausse des taux de crédit qui désolvabilise une partie de la clientèle. Le secteur souffre. »

Selon les quartiers, le neuf revient jusqu’à quatre fois plus cher que l’ancien. La fin annoncée du dispositif Pinel pour les propriétaires bailleurs vient lui aussi ajouter aux difficultés des promoteurs. « Il y a un alignement qui n’est pas en faveur de l’immobilier. » La dernière niche fiscale, celle des loueurs en meublé non-professionnel, semble, elle aussi, menacée.

Pour Aletheia Press, Nadège Hubert

*La chambre interdépartementale des notaires se substitue aux les chambres départementales de Côte-d'Or, de Saône-et-Loire et de Haute-Marne et au conseil régional de notaires. Elle est associée à la cour d’appel de Dijon puisque la profession qui dépend du ministère de la Justice.