Emploi

Ces cadres qui peinent à se faire embaucher

La dynamique des recrutements se maintient pour les cadres qui se trouvent moins exposés au chômage. Néanmoins, l’accès à l’emploi cadre demeure difficile pour certains profils comme les moins diplômés, les jeunes issus des quartiers défavorisés, et surtout les seniors.


Ces cadres qui peinent à se faire embaucher

Le marché de l’emploi cadre frôle le plein emploi. A 4,1%, le taux de chômage de cette catégorie de salariés est presque deux fois inférieur à celui de l’ensemble des actifs, estimé, (en 2021) à 7,9%. Si ce résultat confère aux cadres une situation privilégiée sur le marché du travail, certains profils restent fragilisés. C’est ce qui ressort d’une étude réalisée conjointement par l’Apec (Association pour l’emploi des cadres) et Pôle emploi et publiée en janvier, qui dresse le portrait statistique des demandeurs d’emploi cadres. L’accès à l’emploi recouvre, en effet, des situations contrastées selon, notamment, l’âge, le niveau d’études ou encore le lieu de résidence de ces cadres.

En juin 2022, les deux partenaires de l’étude recensent 485 000 demandeurs d’emploi qui recherchent un poste avec ce statut. Parmi ces derniers, 292 000 sont inscrits en catégorie A (sans emploi) et 193 000 exercent une activité réduite (catégories B et C). À la même période, 21% de ces demandeurs d’emploi cadres étaient âgés de 55 ans et plus, tandis que 36% étaient au chômage depuis plus de 12 mois, recherchant en particulier des postes de commerciaux, cadres administratifs-comptables-financiers ou d’informaticiens.

Des situations contrastées

Autre situation favorable pour les cadres, ils retrouvent plus rapidement un poste. Leur période de chômage s’avère le plus souvent de courte durée : un peu plus de la moitié (51%) des demandeurs d’emploi cadres inscrits à Pôle emploi entre juin 2020 et septembre 2021 ont été embauchés au terme de six mois, contre 43% pour les autres catégories de travailleurs en recherche d’emploi.

Parmi les demandeurs d’emploi cadres, l’étude constate une surreprésentation des femmes (45 %, contre 37 % pour les cadres en emploi) et des jeunes de moins de 35 ans (32 % vs 27 %). Mais aussi des moins diplômés : 20% des cadres au chômage ont un niveau d’études inférieur à bac+2, contre 14% des cadres en emploi. D’autre part, ceux résidant en Ile-de-France sont plus exposés au chômage. Les franciliens représentent 40% des demandeurs d’emploi de cadre.

Globalement, les périodes de chômage sont aussi plus longues chez les cadres résidant dans des quartiers prioritaires de la politique de la ville : 66% des demandeurs d’emploi de cadre habitant dans un QPV n’ont pas trouvé de poste après six mois.

Pour remédier à cette situation, ces populations se montrent prêtes à une reconversion. À leur sortie de Pôle emploi, deux tiers des demandeurs d’emploi cadres changent de métiers, dont la moitié d’entre eux se dirigent vers un domaine professionnel différent. Cette proportion est estimée à 57% chez les moins de 25 ans. Seulement 35% trouvent un emploi correspondant exactement au métier qu’ils recherchent.

Les cadres seniors, les plus fragilisés

Pour une grande partie des cadres ayant 55 ans et plus, la discrimination liée à l’âge représente un frein majeur dans leur recherche d’emploi, tandis que les offres ne correspondent pas toujours à leurs aspirations. « Les cadres seniors rencontrent en effet de plus grandes difficultés à retrouver un emploi pour cause de fermeture des entreprises à leur candidature », indique l’enquête. A hauteur de 6,8%, le taux de chômage le plus élevé chez les cadres a été enregistré dans cette tranche d’âge.

Assez rare chez les jeunes, le chômage de longue durée est souvent fréquent chez les cadres seniors, puisque 71% parmi eux n’ont pas retrouvé d’emploi après six mois d’inactivité et 62% après un an. À fin juin 2022, 102 000 cadres âgés de 55 ans et plus étaient au chômage, dont 36% de demandeurs d’emploi de longue durée et 20% très longue durée (depuis plus de deux ans). En revanche, les jeunes cadres se retrouvent, quant à eux, confrontés à des périodes de chômage plus courtes. Plus d’un tiers parmi eux ont mois de 35 ans.

AÏcha BAGHDAD et B.L