Calhipso : naissance d’une plateforme nationale dédiée à la compression isostatique à chaud en Bourgogne

Calhipso intègre une composante de recherche scientifique, en même temps qu’une plateforme de transfert de technologie à destination des industriels et de la métallurgie. Elle sera basée au Creusot. Le projet s’élève à 6 millions d’euros.

Une presse isostatique à chaud.  (©A.Cheziere)
Une presse isostatique à chaud. (©A.Cheziere)

Promouvoir l’utilisation de la compression isostatique à chaud (CIC) et développer la métallurgie des poudres, tels sont les objectifs de la plateforme Calhipso, lancée mardi 13 avril au Creusot, en Bourgogne. La CIC est une technologie relativement ancienne, inventée en 1955, elle a connu des progrès fulgurants en matière de performance des machines et de sécurité sur ces dix dernières années. Ce qui la rend, aujourd’hui, susceptible d’être déployée pour des productions industrielles variées.

Le procédé consiste à presser des métaux poudreux à très haute température et à très forte pression (jusqu’à 2 000°C et 2 000 bar). Il permet de réaliser des matériaux et des composants à haute performance, difficilement imaginables par les moyens de production classiques. Elle est vue comme une alternative à la forge et à la fonderie. L’intérêt de l’industrie - nucléaire, aéronautique, médicale… - est bien réel, mais les investissements à consentir sont dissuasifs.

Le lauréat élabore son futur

Le projet Calhipso, qui fait partie de la liste des lauréats de l’appel à projets Equipex+ 2020 du programme Investissements d’Avenir (PIA), s’attaque au problème en lançant la construction d’un complexe de recherche et développement de 500 m2 sur le site « Magenta » du Creusot. Ce bâtiment est destiné à accueillir, dès 2023, une presse de compression isostatique à chaud de moyenne dimension (pièces de 10 à 40 cm, 1 400 °C, 2 000 bar). Elle sera taillée pour la réalisation de prototypes industriels.

Parallèlement, un consortium de laboratoires de recherche acquiert une autre presse. Celle-ci est équipée d’une instrumentation complète pour permettre l’étude des phénomènes associés à la CIC. Ensemble, ces deux programmes d’investissements mobilisent 6,1 millions d’euros : 3 millions pour la presse de moyenne dimension, 1,6 million pour le bâtiment et 1,5 million pour la presse à visée scientifique.

Une filière à fédérer

L’enjeu est de soutenir une technologie prometteuse mais coûteuse, tout en musclant les capacités de recherches nationales. La France est singulièrement à la traîne sur ce secteur, dominé par les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Allemagne et le Japon.

« Aujourd’hui, les industriels français doivent utiliser des installations à l’étranger pour réaliser certaines de leurs pièces CIC, ce qui pose des problèmes en matière de confidentialité », note Frédéric Debleds, en charge de l’agence Écosphère qui pilote la partie valorisation industrielle du projet.

Autour de l’installation du Creusot, Écosphère espère faire émerger un nouveau cluster d’entreprises, et promouvoir auprès d’un panel d’industriels plus large cette technologie. Framatome est l’un des porteurs du projet, tandis que tout le Pôle Nucléaire de Bourgogne a témoigné de son intérêt pour la démarche. L’aspect scientifique de Calhipso est piloté par le chercheur Frédéric Bernard et un consortium regroupant l’Université de Bourgogne Franche-Comté (ICB/UB) en partenariat avec le CEA de Grenoble (Liten), le CNRS, l’Université Paris Sciences et Lettres (Mines ParisTech).

Pour Aletheia Press, Arnaud Morel