Aux Délices Bleus, gourmandise rime avec inclusion

Le restaurant Les Délices Bleus a ouvert ses portes en mars 2022. Né de l’idée de Delphine Jeauneau qui voulait réaliser le rêve de son fils autiste Baptiste, l’établissement s’impose comme un lieu d’inclusion.

Delphine Jeauneau a ouvert le restaurant d’inclusion les Délices Bleus pour que son fils Baptiste, autiste, entre dans le monde professionnel qu’il avait choisi. (Aletheia Press / Nadège Hubert)
Delphine Jeauneau a ouvert le restaurant d’inclusion les Délices Bleus pour que son fils Baptiste, autiste, entre dans le monde professionnel qu’il avait choisi. (Aletheia Press / Nadège Hubert)

L’histoire des Délices Bleus, restaurant dijonnais, débute avec la passion de Baptiste Jeauneau pour la cuisine et la persévérance de sa mère Delphine à vouloir réaliser le rêve de son fils autiste. Elle a d’abord œuvré comme présidente d’une association destinée à aider les enfants et jeunes adultes autistes et leur famille. « J’ai mis en place ce dont j’avais moi-même besoin en tant que maman d’un jeune autiste à savoir des groupes de parole, un panel d’activité pour les jeunes… » Mère de trois enfants, elle élève seule Baptiste et, les années passant, elle s’est inquiétée pour son autonomie et ce qu’il pourrait faire à l’âge adulte. Elle a donc commencé à réfléchir à un projet de restaurant pour qu’il découvre cet univers qui l’intéressait tant.

Repousser les préjugés

Le nom des Délices Bleus, ouvert en mars 2022, traduit l’envie de Baptiste de servir des plats délicieux et la couleur de l’autisme. Avec ce restaurant situé au centre-ville de Dijon, Delphine Jeauneau veut aussi faire évoluer les mentalités et combattre les préjugés. « Les autistes ont des compétences tandis que leur handicap prend autant de formes qu’il y a d’autistes. Certains sont sensibles à la lumière, d’autres au bruit ou au toucher mais tous affichent un problème de relation à l’autre. Pour autant, ils ont des capacités et évoluent. »

D’abord en cuisine, Baptiste est désormais aux premières loges au service. En salle, il côtoie les clients et collabore avec d’autres collègues. Sur les cinq salariés de l’établissement, deux sont porteurs d’autisme tandis que plusieurs jeunes en situation de handicap réalisent régulièrement des stages au restaurant. « J’aimerais faire plus, mais je n’en ai pas les moyens alors qu’il y a un nombre incalculable de jeunes sans solution. » Si Delphine Jeauneau met un point d’honneur à faire de l’inclusion, tant dans les mots que dans les actes, elle regrette que les employeurs ne soient pas plus encouragés à recruter des personnes en situation de handicap. Elle constate que de grandes entreprises préfèrent payer des amendes que d’appliquer les quotas obligatoires.

Motiver par la qualité

Véritable lieu d’acceptation de la différence, le restaurant est ouvert du mardi au samedi - au déjeuner, en soirée ou en journée complète, selon les jours - avec un menu qui change quotidiennement. Les Délices Bleus accueillent 30 couverts en salle et autant en terrasse. « On veut que les gens viennent chez nous pour l’accueil et la qualité du service et du repas, pas seulement parce qu’on fait de l’inclusion, cela ne doit pas être leur seule motivation. »

Consciente qu’un moment agréable à vivre invite plus à revenir qu’une bonne action ponctuelle, la dirigeante et son équipe travaillent des produits frais et réalisent tous leurs plats « maison ». Sans statut particulier et ne pouvant prétendre à aucune subvention, l’établissement se retrouve en redressement. « C’est un projet qui a besoin de solidarité que ce soit simplement en venant manger un bon repas en famille ou en entreprise ou sous la forme de mécénat. » Alors gourmands, à vos assiettes !

Pour Aletheia Press, Nadège Hubert