Au secours de l'environnement, les charbons Bordet innovent dans les usages

Plus que centenaire, l’entreprise Bordet a depuis longtemps délaissé le charbon de bois des hauts fourneaux pour concevoir une nouvelle génération de produits destinés à de nouveaux usages, dans l’alimentation animale notamment.

L’entreprise Bordet a pris le virage de l’écologie en misant sur les capacités du charbon à retenir les gaz à effet de serre. (© Bordet)
L’entreprise Bordet a pris le virage de l’écologie en misant sur les capacités du charbon à retenir les gaz à effet de serre. (© Bordet)

Intégré à la nutrition animale, le charbon actif a la capacité d’absorber le méthane, en particulier des bovins, et ainsi réduire les émissions de gaz à effet de serre. « Le charbon actif conventionnel ne rentre plus dans les ingrédients de nutrition animale de l’environnement bio à moins d’être certifié agriculture biologique comme notre Actichar C Bio, le seul actuellement » précise Cyril Flores qui a repris l’entreprise Bordet en 2016. Cette innovation n’est pas la seule sur laquelle planche l’entreprise Bordet.

Evolution historique

Créée en 1860, les charbons Bordet s’utilisaient d’abord comme combustibles pour les hauts fourneaux. En 1970, l’entreprise prend son premier virage écologique en produisant sa propre électricité en circuit fermé sans rejet. « Les dirigeants de l’époque étaient des précurseurs dans le secteur de l’énergie verte avec un charbon produit proprement. »Cyril Flores a quant à lui transféré les marchés du charbon de combustion vers des produits à plus forte valeur ajoutée et d’une plus grande technicité ; le charbon actif et les charbons bio ou biochar. Capable de séquestrer les molécules, le charbon actif est non seulement plébiscité pour la nutrition animale mais également dans la cosmétique ou l’industrie pour filtrer les polluants ou encore l’eau. Il se retrouve aussi dans l’automobile ou l’électroménager.

Des projets d’envergure

Le biochar se révèle quant à lui un excellent fertilisant naturel qui se subtilise aux intrants chimiques. « Il contribue à une meilleure germination ou une meilleure pousse mais nous ignorons encore quel biochar est le plus efficace pour optimiser quelle plante. Les recherches sont en cours. » Au-delà de son rôle de fertilisant, le biochar possède lui aussi la capacité de séquestrer les gaz à effet de serre à laquelle s’ajoute la faculté de retenir l’eau et les nutriments.

« Nous avons un programme de R&D sur le biochar soutenu par le plan de relance avec deux chercheurs et des partenaires académiques. » Près de 500 000 euros vont être investis sur deux ans par l’entreprise Bordet qui finalise par ailleurs une levée de fonds pour s’inscrire dans de grandes ambitions. « Evoqué par le GIEC, le biochar représente l’une des solutions pour lutter contre le réchauffement climatique. Sur le très long terme, nous travaillons avec le CNRS pour développer un charbon à haute technicité pour remplacer le graphite dans les piles à hydrogène. » Avec un chiffre d’affaires de 4,2 millions d’euros en 2020 et 30 salariés, Bordet s’engage dans l’avenir avec des projets plein les tiroirs pour protéger la planète.

Pour Aletheia Press, Nadège Hubert