À Macôn, Filyou transforme l’industrie de la mode

L’industrie de la mode figure parmi les plus polluantes, plus en raison de la surproduction que de la provenance des vêtements. Pour changer la donne, la plateforme Filyou, installée à Mâcon, propose de s’adresser à des couturiers n’importe où dans le monde pour avoir un vêtement sur mesure, à prix accessible.

Maryem Mbow et Aymeric Fiers veulent repenser l’industrie de la mode en privilégiant le sur mesure à la surproduction. (© Filyou)
Maryem Mbow et Aymeric Fiers veulent repenser l’industrie de la mode en privilégiant le sur mesure à la surproduction. (© Filyou)

Déjà riche d’une culture sénégalaise, Maryem Mbow a travaillé au Vietnam, en Afrique du Sud et en Suisse, après l’obtention de son master d’école de commerce. Loin de l’Europe, les pratiques ne sont pas les mêmes pour se vêtir. « J’avais recours à un artisan couturier pour me réaliser les vêtements que je dessinais et avoir quelque chose d’unique et sur mesure. C’est une habitude que j’ai depuis l’enfance. La pratique de solliciter le couturier de la famille est courante en Asie et en Afrique. Elle l’était aussi en France, avant l’arrivée du prêt-à-porter » explique la Mâconnaise.

De retour en France en 2021, la presque trentenaire constate que le prêt-à-porter ne répond pas à ses attentes. « J’avais des vêtements moins ajustés qui n’avaient rien d’unique et que je surpayais par rapport au prix payé à l’artisan pour une qualité moins bonne. »

Preuve de concept

Entre 2022 et 2023, elle teste son idée d’une plateforme où chacun et chacune peuvent commander un vêtement sur mesure à un couturier du bout du monde. Elle fonde alors Atailor. À cette période, elle renoue avec un camarade de lycée, Aymeric Fiers, lui aussi issu d’une école de commerce. « Son parcours l’a conduit entre la Chine et la France avec une spécialité en finance et tech. » Ils associent leur complémentarité en 2023 et donnent naissance à une version aboutie d’Atailor : Filyou est lancé en novembre 2023. La start-up bénéficie de fonds et d’une équipe d’une vingtaine de personnes qui participent à faire avancer le projet.

Filyou propose, dans un premier temps, de s’habiller grâce au talent de couturiers situés au Vietnam majoritairement. « La plateforme digitalise cette pratique. Les clients choisissent les vêtements, le tissu et un algorithme les met en relation avec un couturier capable de répondre aux attentes. Si l’artisan est intéressé, il adresse une offre de prix avec des photos des tissus proposés et les délais. » Bien que les vêtements soient conçus en Asie, Maryem Mbow précise que ce n’est pas le transport qui pèse le plus dans l’empreinte carbone de la mode. « Le problème de cette industrie, c’est la surproduction. »

Une autre façon de s’habiller

En effet, selon une étude, un vêtement sur quatre est jeté avant d’être vendu. Et bien que nos vêtements parcourent le globe, un produit fabriqué en France a besoin de matières premières comme le coton qui viennent de loin aussi. Les vêtements Filyou sont plus équitables, car les clients de la plateforme sont en lien direct avec les artisans.

Près de 200 clientes ont expérimenté la plateforme. Côté prix, il faut compter, par exemple, entre 60 et 80 euros pour un pantalon sur mesure qui durera dans le temps. « Notre produit phare, c’est la robe de mariée en soie, en dentelle ou la tenue de cérémonie. Une robe coûte entre 300 et 700 euros environ. » La startupeuse insiste sur la qualité des artisans et des tenues (testés en amont), mais aussi du service de prise de mesure sur place, de l’assurance complémentaire pour les retouches.

Pour Aletheia Press, Nadège Hubert