A Dijon, l’IA au service de la lutte contre le cancer

L’intelligence artificielle se met au service de la lutte contre le cancer. L’Université de Bourgogne-Franche-Comté, Oncodesign et la SATT Sayens développent un laboratoire commun en ce sens. Ce dernier a vu le jour en mai 2021 et aidera les chercheurs à définir des traitements innovants et personnalisés en oncologie.

Christophe Nicolle, directeur du laboratoire CIAD, travaille de concert avec Oncodesign pour que les chercheurs dans la lutte contre le cancer profitent de l’intelligence artificielle. (Laboratoire CIAD)
Christophe Nicolle, directeur du laboratoire CIAD, travaille de concert avec Oncodesign pour que les chercheurs dans la lutte contre le cancer profitent de l’intelligence artificielle. (Laboratoire CIAD)

Partenaires de longue date, le laboratoire CIAD, connaissance et intelligence artificielle distribuées l’université de Bourgogne-Franche-Comté et Oncodesign, société biopharmaceutique, créée en 1995 à Dijon, spécialisée dans la médecine de précision en oncologie, cherchaient à développer un nouveau projet ensemble.

Les marchés et les verrous identifiés, les technologies assez matures pour répondre à ce souhait, le CIAD et la société biopharmaceutique ont créé AIDD4H, pour Artificial Intelligence in Drug Discovery for Health. Ce laboratoire commun, LabCom, entend découvrir de nouvelles cibles thérapeutiques.

« Oncodesign fabrique des médicaments avec une action sur ce terrain biologique. Si cette réponse fonctionne sur certaines personnes, ce n’est pas le cas sur toutes. L’objectif est de savoir pourquoi et comment orienter le comportement des cellules pour généraliser les bienfaits du médicament » détaille Christophe Nicolle, directeur du laboratoire CIAD.

Faciliter la compréhension

A terme, l’objectif est de communiquer avec une cellule cancéreuse ayant un comportement erratique pour intervenir et lui faire adopter le bon comportement. Toutefois, un environnement biologique intègre des milliards d’acteurs, de la cellule à l’ADN en passant par les protéines et chaque terrain biologique réagit différemment.

« Avec l’intelligence artificielle, on va construire des scénarios particuliers, les tester pour en déduire des comportements. » Toutefois, il faut que les chimistes d’Oncodesign comprennent les raisonnements de l’intelligence artificielle afin de les traduire en traitement médical innovant de précision et personnalisé. « Ils doivent parler le même langage pour que l’humain s’approprie les outils. »

Mieux traiter les données

Pour établir ces scénarios, le laboratoire commun s’appuie sur des données open source portant sur les terrains biologiques fournies par d’autres acteurs du domaine médical. Elles sont complétées par les données anonymisées d’Oncodesign afin d’y apporter une dimension « patient » etd’ avoir un retour sur les expériences menées et les résultats obtenus. « Lancé en mai 2021, le laboratoire a obtenu ses premiers résultats, faisant la preuve de l’intérêt de l’intelligence artificielle dans cette démarche. »

Cet investissement, associant le privé et le public, a profité de l’encadrement de la SATT Sayens dans le cadre de sa mission de valorisation de la recherche publique. « La mise sur le marché d’un médicament demande en moyenne dix ans, c’est un parcours long et coûteux que l’intelligence artificielle va accélérer en traitant les données » précise Catherine Guillemin, présidente de Sayens. Avec un budget de 2,7 millions d’euros pour les cinq ans à venir, le LabCom représente un enjeu majeur pour la santé.

Pour Aletheia Press, Nadège Hubert