Collectivités locales : la loi sur l'économie circulaire constitue un « driver de croissance important » pour les ventes aux enchères en ligne

Trois questions à Olivier de La Chaise, Président d'Agorastore, spécialiste des enchères en ligne pour les collectivité…

Château, cuisine collective, camionnette.... 2 300 collectivités locales vendent aux enchères sur le site Agorastore. Lequel voit son activité se développer fortement, notamment sous l'effet de la loi sur l'économie circulaire.

Copyright  Agorastore
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Qui sont ces collectivités locales qui vendent aux enchères et quelles sont leurs motivations ?

Actuellement, 2 300 collectivités vendent des biens sur Agorastore. Parmi elles, figurent toutes les régions, les trois quarts des départements, les grandes villes comme Paris, Lyon ou Lille... et aussi de nombreuses collectivités qui comptent 2 à 3 000 habitants. Mais ce qui est réellement déterminant n'est pas tant la taille de la collectivité mais la valeur et la complexité de son patrimoine. Ainsi, les services départementaux d’incendie et de secours (SDIS), dotés d'équipements importants, représentent de grands comptes chez nous. Principalement trois raisons conduisent ces acteurs publics à vendre : la valeur d'un bien peut être amortie et son remplacement, décidé. Les collectivités peuvent connaître une modification de leurs besoins qui rend inutiles certains équipements. Et aussi, la décision de vendre peut découler d'un principe de bonne gestion : elle correspond alors à un arbitrage budgétaire.

Comment Agorastore est-il devenu leader sur les ventes aux enchères en ligne ?

En ligne, nous sommes clairement leaders avec 100 millions d'euros de biens vendus en 2021. Il y a un an, nous avons racheté Webencheres, qui était spécialisé sur des segments du marché. Quant à la Direction de l’immobilier de l’État, nous en sommes à la fois concurrents, puisqu'elle dispose d'un service de vente, et partenaires : en janvier, elle nous a confié la vente de biens de l'Etat. Par ailleurs, les collectivités locales ne se sentent pas vraiment chez elles sur Ebay ou Leboncoin : elles ont des attentes qui leur sont propres, notamment parce que leur démarche intègre une dimension politique. Par exemple, dans le cadre de la vente d'un bien immobilier, elles peuvent avoir la volonté de prévoir une mixité des usages du bien. Il fait partie de l'ADN d'Agorastore de bien connaître les problématiques : avant d'être cédée à des entrepreneurs, la plateforme avait été fondée par la ville de Lyon, en 2005.

Ces pratiques en ligne vont-elles se développer et quelles sont vos perspectives ?

Les collectivités sont de plus en plus nombreuses à faire appel à nous. La pandémie, qui les a conduites à franchir une marche en matière de numérique, a favorisé la pratique. Et aujourd'hui, la loi sur l'économie circulaire constitue un driver de croissance important. Par exemple, dans les zones à faible émission (ZFE), les collectivités locales sont tenues d'utiliser des véhicules de transport récents, plus écologiques, ce qui génère la vente de ceux qui ne sont plus adaptés. Cette tendance renforce celle, politique, de gestionnaires qui prennent des décisions anti-gaspillage, pro-économie circulaire... Une dimension électoraliste peut également s'ajouter à cette dynamique : certaines collectivités, à l'image de Marseille, communiquent sur le fait qu'elles utilisent Agorastore. Nous prévoyons donc une forte croissance de notre activité, basée sur le doublement du nombre des collectivités qui s'adressent à nous d'ici trois ans et l'accroissement de la valeur des biens qu'elles nous confient.