« Chaque jour, il y a un million de visites dans nos salons de coiffure »

Trois questions à Christophe Doré, président de l'UNEC, Union nationale des entreprises de coiffure

Frappés de plein fouet par la pandémie, les coiffeurs sont parvenus à faire reconnaître leur activité comme « essentielle »par le gouvernement. Mais depuis, les habitudes des clients ont évolué. Et l'enjeu, aujourd'hui, c'est de recruter...

Trois questions à Christophe Doré, président de l'UNEC, Union nationale des entreprises de coiffure

Que représente le secteur de la coiffure en France ?

Le secteur de la coiffure pèse 6 milliards d'euros de chiffre d'affaires. En termes d'emploi, cela représente 170 000 actifs. Pour l'essentiel, il s'agit de petites entreprises, avec 2,3 salariés, par salon. Plus de la moitié des coiffeurs travaillent seuls ! Cela se traduit par un grand nombre de salons de coiffure dans les villes : on en compte 68 000, tenus par des indépendants ou des franchisés de marques, comme Franck Provost. Il faut y ajouter environ 24 000 coiffeurs qui travaillent à domicile. C'est donc un secteur très varié. Par ailleurs, au delà des chiffres, il s'agit d'un artisanat de proximité qui fait partie du tissu économique et social, dans les villes et villages. Se rendre chez le coiffeur, c'est un acte de la vie sociale. Chaque jour, il y a un million de visites dans nos salons. Nous sommes un métier de bien-être, de relations sociales. C'est la raison pour laquelle nous nous sommes battus pour être reconnus « activité essentielle » durant la crise du Covid.

Comment la profession a-t-elle traversé la crise ?

En 2020, le chiffre d'affaires a baissé de 19,5%, par rapport à 2019. Au premier et au deuxième confinement, la fermeture a été totale. Ces périodes ont été très anxiogènes pour les coiffeurs, confinés, qui ne pouvaient pas exercer leur activité et dont les charges fixes continuaient à tomber. Toutefois, au troisième confinement, nous avons pu rester ouverts en mettant en place des protocoles. Les sorties de confinement ont été très complexes : il y avait une affluence telle que les plannings étaient très difficiles à gérer. En particulier, à la fin du premier confinement, avec les clients qui avaient passé deux mois sans coiffeur ! Nous avons été nombreux à travailler de 6h du matin à 20h...Et nous avons vu évoluer les pratiques : les clients sont entrés dans une démarche nouvelle, en prenant leur rendez-vous en ligne. Certains coiffeurs se sont inscrits sur des plateformes spécialisées. Cette façon de travailler va continuer à se développer.

Avez-vous perdu des clients, qui auraient pris l'habitude, par exemple, de réaliser leurs teintures à la maison, durant le confinement ?

Ce n'est pas vraiment notre clientèle. Ceux qui viennent chez nous ne le font pas uniquement pour se faire appliquer une couleur, mais aussi pour obtenir des conseils. Nous n'avons pas perdu de clientèle. En revanche, des comportements ont changé. Certaines clientes se sont habituées à garder leurs cheveux blancs, ou à les conserver plus longs. Mais, surtout, l'activité liée aux mariages, aux fêtes, n'a pas vraiment repris, ce qui a des conséquences au niveau du chiffre d'affaires. D'autres difficultés demeurent : les salons de coiffure situés dans des zones de bureau voient leur activité impactée par le télétravail. C'est un point de vigilance, d'autant que cette pratique prend de l'importance. Et aussi, de nombreux salons implantés dans les galeries marchandes n'ont pas retrouvé leur volume d'activité normale. Par ailleurs, le sujet qui nous préoccupe aujourd'hui est celui du recrutement : nous devons trouver du personnel. Certains sont partis durant le confinement. Mais cette difficulté résulte aussi de la politique de baisse des aides à la formation de 2013.