Tournus et sa politique d’économie d’énergie

Alors que les collectivités font face à la hausse des prix de l’énergie et doivent composer avec cette donnée pour tenir leur budget, chacune cherche ses solutions. A Tournus, la municipalité s’organise pour diminuer ses dépenses tout en maintenant son épargne afin de poursuivre ses investissements.

La mairie de Tournus œuvre à réduire sa facture énergétique tout en maintenant ses investissements. (© Ville de Tournus)
La mairie de Tournus œuvre à réduire sa facture énergétique tout en maintenant ses investissements. (© Ville de Tournus)

Avec la diminution du nombre d’habitants, les petites villes comme Tournus voient leur budget se maintenir ou se réduire au fil des ans. Alors quand la crise énergétique frappe, leur équilibre économique s’en trouve fragilisé. « En 2022, nous avons eu 340 000 euros de dépense d’énergies en plus. Cette augmentation a été rapide et nous avons agi dans l’urgence, et travaillé sur les lignes budgétaires sur lesquelles nous pouvions avoir un impact » explique Bertrand Veau, maire de Tournus, qui entend, malgré tout, maintenir l’épargne annuelle d’un million d’euros pour poursuivre les investissements. Pour garder son budget de fonctionnement à huit millions d’euros, le conseil municipal a donc appuyé sur trois leviers pour réaliser des économies.

Moins de lumière, mais plus de sécurité

La mairie a commencé par réduire son éclairage public. « Nous avons 1 300 points lumineux pour 5 800 habitants. Ceux-ci étaient allumés toute la nuit jusqu’en 2017. Nous avons limité les durées depuis 2018 et les avons encore réduites depuis la crise énergétique. » explique le maire de la ville. Les zones rurales n’ont plus aucun éclairage à la nuit tombée, les secteurs péri-urbains sont dans le noir de 22h à 6h, le centre, plus fréquenté, voit les lumières s’éteindre entre 23h et 6h, une heure du matin le vendredi et le samedi soir. Cette économie, estimée à 200 000 euros par an, a d’autres bienfaits que la mairie n’avait pas anticipé.

« Les statistiques internationales et les indices de sécurité locale montrent qu’avec la réduction des éclairages, il y a moins de cambriolages et plus de sécurité routière car les automobilistes se montrent plus prudents. » note-t-il. Le maire insiste aussi sur le sommeil retrouvé par certains habitants et les bénéfices sur la biodiversité qui participe à des économies. « Les chauves-souris, consommatrices de moustiques, reviennent, nous permettant de réduire les traitements. Pour lutter contre les pigeons, nous faisions appel à des fauconniers. Avec moins d’éclairage, les rapaces reviennent aussi et chassent les pigeons, participant de la baisse de cette population. » Cela correspond à 20 000 euros de nouvelles économies annuelles prévues, tandis que 800 000 euros vont être investis pour réduire et rénover en LED les points lumineux.

Des économies à tous les échelons

A côté de l’éclairage public, la commune intervient sur le chauffage, s’appuyant sur un décret de préconisation de 1977. Les gymnases sont ainsi passés de 18 à 14 degrés, les bureaux à 19 degrés tout comme les écoles. « Chaque degré de moins engendre 15 % de réduction sur la facture de chauffage. » complète Bertrand Veau. Dernier axe de changement, la restructuration de l’utilisation des 50 000 m2 de bâtiments publics. Ainsi, le musée a fermé ses portes pour l’hiver et son personnel a été installé dans les locaux des services administratifs, tout comme les équipes du cinéma municipal.

Autant d’actions qui devraient permettre à Tournus de ne supporter « que » 200 000 euros de hausse de budget par rapport à 2021. « C’est 140 000 euros de moins qu’en 2022. En 2024, j’espère que nous aurons ramené la différence à zéro. » En parallèle, le maire compte poursuivre les investissements avec un budget de 3,5 millions d’euros. « Nous accompagnons la rénovation urbaine, énergétique et de confort de vie, avec des aides aux propriétaires et une enveloppe de 180 000 euros. Nous consacrerons aussi, entre 2023 et 2024, 1,8 million d’euros à la rénovation de deux Places. » La rénovation du cinéma et de la médiathèque complète le projet global.

Pour Aletheia Press, Nadège Hubert