Entre patrimoine et les tendances

Tolix, Une histoire de tôle

Impossible pour Chantal Andriot de voir l’entreprise où elle était comptable depuis trente ans fermer ses portes à Autun. En reprenant Tolix, en 2004, elle a non seulement préservé des emplois, mais elle a aussi redonné une nouvelle jeunesse à une marque fondée en 1908, dont certains modèles siègent au MoMa de New-York ou au Centre Georges Pompidou à Paris.

Si la chaise Tolix, souvent copiée, est désormais emblématique, d’autres produits en métal comme les bureaux et les armoires l’ont détrônée du podium des ventes. (@Tolix)
Si la chaise Tolix, souvent copiée, est désormais emblématique, d’autres produits en métal comme les bureaux et les armoires l’ont détrônée du podium des ventes. (@Tolix)

« Je n’ai cru à la fin qu’en recevant ma lettre de licenciement » raconte Chantal Andriot, 65 ans. Refusant que Tolix cesse son activité, celle qui était alors comptable se porte acquéreuse de cet outil industriel réputé et se lance dans l’aventure avec 20 salariés. C’était en 2004. Depuis, le fabricant de mobilier en acier, inox, tôle et autre métal a repris du poil de la bête et compte aujourd’hui une soixantaine de salariés après avoir pris de plein fouet la crise sanitaire. 

Chantal Andriot a apporté sa touche à cette industrie déjà réputée en modernisant l’outil de production et en repensant les produits. « Quand j’ai démarré, je n’avais qu’un petit catalogue. Passionnée par la couleur et la peinture, j’ai voulu un tabouret aux couleurs pastelles. » Prenant sous le bras cette assise et une nouvelle armoire bicolore, volontairement provocatrice, elle participe à son premier salon en 2005. Un peu avant-gardiste pour l’époque, elle impose une nouvelle fois le style Tolix. Chantal Andriot retravaille ensuite les collections avec l’envie de « rentrer dans la maison en amenant du décoratif en plus du pratique ». Elle installe Tolix dans les intérieurs, repensant les aménagements de vestiaires pour y faire trôner aussi de grands plats de cuisine. Une collection enfant fera aussi son entrée sur les lignes de production tandis que la collection perforée ne tardera pas à séduire. « Les portes en tôle perforée laissent passer la lumière et montrent l’intérieur du meuble sans trop en dévoiler. »

Indémodable

Retenue pour l’exposition universelle de Paris en 1937 après avoir fait la traversée inaugurale du paquebot Normandie en direction de New-York en 1935, la chaise A et le fauteuil D de Tolix s’inscrivent désormais naturellement dans le patrimoine français. D’ailleurs, Tolix détient le label Entreprise du Patrimoine Vivant depuis 2006. « Nous avons une renommée internationale et nous exportons dans 50 pays. » 

Chaque année, environ 100 000 pièces sortent de l’usine d’Autun où tout est conçu. Chantal Andriot insiste sur ce choix du « made in France » à tous les niveaux. « On fait tout ici et quand nous devons faire appel à un prestataire, il est aussi à Autun ! » Les nouvelles collections se pensent en interne. Chantal Andriot jette quelques idées sur le papier avant que le directeur artistique ne s’en saisisse pour compléter son panel d’idées propres. De son côté, le bureau d’étude conçoit de nouveaux modèles qui seront testés dans le laboratoire dédié au mobilier.

Un autre souffle

Tolix s’associe également à des designers pour penser de nouvelles gammes. Dernière en date, Pauline Deltour signe la nouvelle collection pour l’extérieur : Patio. « Son book m’a séduite » explique Chantal Andriot avec simplicité. Tantôt sollicitée par des designers, tantôt à la recherche de nouveaux talents, la marque se repense et évolue. Un gage de qualité qui plait aux architectes qui sollicitent la marque pour des aménagements, mais aussi aux décorateurs, aux boutiques et au secteur de l’hôtellerie et de la restauration. 

Avec un chiffre d’affaire avoisinant les sept millions d’euros, l’emblématique marque de mobilier en tôle a repris des couleurs. Chantal Andriot ne se repose pas, pour autant, sur ses lauriers. « Parfois, je pense à la retraite, mais j’ai encore des idées et des projets avant. »

Pour Aletheia Press, Nadège Hubert