Seeb Industrie lance son école d’usinage sur son site de Chauffailles

Trouver un usineur compétent relève du parcours du combattant pour de nombreux industriels. Pour pallier cette difficulté, Seeb Industrie s’est doté d’une école d’usinage intra-muros.

La formation repose en partie sur un système de tutorat. (© Seeb industrie)
La formation repose en partie sur un système de tutorat. (© Seeb industrie)

Installé à Chauffailles, Seb Industrie évolue notamment dans les secteurs du nucléaire, de l’automobile et de l’armement. Le site réalise des pièces d’usinage de précision allant de quelques kilogrammes à une tonne. « Nous faisons du tournage, du fraisage et un peu de rectification avec une précision allant de trois centièmes à dix dixièmes »détaille Jean-Paul Delfrate, directeur du site Seeb Industrie de Chauffailles. L’usine réalise ainsi des séries de dix à 200 pièces.

Le site, qui compte 50 salariés dont 20 usineurs, compte 15 postes à pourvoir dans le domaine de l’usinage. En effet, les clients de Seeb Industrie connaissent d’importantes croissances. « Nous sommes portés par cette dynamique. » L’entreprise cherche ainsi à recruter, mais elle rencontre des difficultés d’autant plus grandes que son territoire connaît un faible taux de chômage, proche de 5%.

Une sélection minutieuse

Pour contrecarrer cette réalité, Seeb Industrie a décidé d’ouvrir sa propre école d’usinage. « Nous nous sommes associés à Pôle Emploi Digoin qui a émis une annonce à l’échelle nationale pour spécifier que nous recrutions sur notre site, avec une formation assurée. » 35 personnes ont ainsi été identifiées dans un rayon d’une trentaine de kilomètres autour du site. Invitées à visiter l’entreprise, seules 12 personnes ont montré un intérêt et ont poursuivi avec des tests selon la méthode de recrutement par simulation. A l’issue de ce processus, six personnes ont réussi.

Patrick Déjean, directeur général de Seeb et Jean-Paul Delfrate, directeur de Seeb Industrie. (© Seeb industrie)

Une ancienne directrice de supermarché, un boucher, un chef de rang dans la restauration… A côté des publics en reconversion, plusieurs chômeurs de longue durée figurent dans cette courte liste de personnes de 30 à 50 ans, dont deux femmes. « Nous avons commencé par une remise à niveau car ce sont des profils de tout horizon, souvent éloignés de nos métiers, mais avec des aptitudes. Cela me semble un bon moyen de se relancer, de retrouver une activité et de gagner sa vie. »

Une formation en deux temps

Au programme, une formation technique à Chauffailles, avec le soutien de l’organisme Usinage Formations installé au Mans, grâce à une prise en charge de Pôle Emploi. « Il s’agit de leur apprendre les rudiments du métier avec une partie théorique sur une semaine où ils voient la lecture de plan, les calculs, la trigonométrie, mais aussi comment programmer une machine. » A côté, les six stagiaires passent trois semaines avec un tuteur qui aborde le côté pratique.« Les tuteurs ont suivi eux-mêmes une formation pour appréhender les relations humaines, la gestion de conflit, la génération Y, améliorer la communication… »

En février 2022, la première promotion a débuté et s’achèvera en mars 2023. A l’issue de cette période, les six premiers stagiaires devraient obtenir un CQPM, un certificat de qualification paritaire de la métallurgie, et être embauchés en CDI.

Pendant la période de formation, les six apprenants relèvent de Manpower et touchent un salaire et des aides de Pôle Emploi. « Cela représente un investissement compris entre 200 000 et 300 000 euros pour rémunérer des personnes qui produisent peu ou pas. Mais nous n’avons pas d’autres solutions puisque personne ne répond à nos annonces. On sait qu’il y a des personnes sur le marché du travail, mais qu’elles ont besoin d’être formées. » Seeb Industrie prévoit de lancer une nouvelle promotion de sept ou huit personnes dès septembre prochain.

Aletheia Press