Quand la plasturgie mise sur le durable

Pour aider les industriels de la filière plastique à intégrer de la matière recyclée dans leur production, l’ADEME a renouvelé son appel à projet Orplast. Un soutien financier qui s’est traduit par des investissements en Saône-et-Loire et dans le Doubs notamment.

Chez Métroplast en Saône-et-Loire, le plastique recyclé représente déjà 50 % de certains produits. Grâce à de récents investissements, sa part pourrait atteindre 100 % à la fin de l’année. (© O Saillard Photographe)
Chez Métroplast en Saône-et-Loire, le plastique recyclé représente déjà 50 % de certains produits. Grâce à de récents investissements, sa part pourrait atteindre 100 % à la fin de l’année. (© O Saillard Photographe)

Une vingtaine de projets industriels ont profité du soutien de l’ADEME depuis le lancement, en 2020, de l’appel à projet Orplast qui s’inscrit dans le cadre de France Relance et s’achève en septembre 2022. Depuis 2016, l’organisme accompagne les entreprises désireuses de réduire leur quantité de plastique issu du pétrole dans leur fabrication. Chargé de mission économie circulaire à l’ADEME, Lilian Geney tente de lever les freins qui empêche les professionnels de passer de l’envie aux actes.

« Il y a une méconnaissance des propriétés des matières plastiques recyclées d’une part mais les industriels font face par ailleurs à une crise sur la matière plastique dont les coûts ont monté sans oublier ceux de l’énergie et des machines dans lesquelles ils pourraient investir. »

Pourtant, l’ADEME apporte un soutien non négligeable grâce à une aide de 50 à 70% pour mener l’étude de faisabilité puis d’une enveloppe financière pour appuyer l’investissement. « Il peut porter sur une aide à l’amélioration de ligne de production pour y incorporer du plastique recyclé ou pour mettre au point un produit avec une démarche d’écoconception. » Cette subvention vise à sécuriser la décision des industriels grâce à l’étude préalable qui confirmera que le produit final n’est pas dénaturé en fonction du taux d’incorporation de matière recyclée.

Des exemples concrets

Spécialiste de l’injection plastique, Injectplast, installé à Dampierre-les-Bois dans le Doubs, a investi 380 000 euros pour accroitre son virage vers les matières recyclées. Après un premier projet en 2020, l’entreprise aux cinq salariés a bénéficié d’une aide de 174 000 euros de l’ADEME pour acquérir une nouvelle machine d’injection plastique et un nouveau broyeur de plastique. « On se rend compte que les produits neutres ont un coût à l’achat et qu’il devient difficile de se fournir. Nous recyclions déjà du big bag, des déchets marins ou industriels et nous voyions que nous arrivons à une équivalence des propriétés des produits » détaille Frédéric Rigal, le dirigeant.

Désormais la PME qui affiche un chiffre d’affaires de 160 000 euros réalise des tests sur d’autres matières plastiques comme les emballages, les bouteilles de shampoing et les boites en plastique.

Des résultats quantifiés

En Saône-et-Loire, à Chalon-sur-Saône, Métroplast entend concevoir ses conteneurs à déchets en plastique 100 % recyclé contre 50 % actuellement. Pour y parvenir, l’entreprise débloque 400 000 euros, soutenue à hauteur de 145 000 euros par l’ADEME, pour transformer sa ligne de production. « Nous avons deux lignes, une pour le plastique vierge, l’autre pour le recyclé. Nous n’en aurons plus qu’une qui nous permettra notamment de mélanger les plastiques recyclés de bonne et moins bonne qualité afin d’obtenir des produits 100 % recyclés sans que rien ne soit perdu » résume François Brusset, responsable du site. Pour y parvenir, l’entreprise aux 40 salariés a identifié les indispensables filières logistiques et d’approvisionnement.

« Il nous faut des plastiques issus de la même technologie que la nôtre, du rotomoulage. Il peut s’agir de canoés, de réservoirs de bus ou de camion, ponctuellement de jeux pour enfants. » La future ligne devrait être mise en service d’ici la fin de l’année tandis que Métroplast espère convaincre sa clientèle, des collectivités de France et d’Europe, de passer aux points d’apport volontaire recyclés.

Pour Aletheia Press, Nadège Hubert