Conjoncture

Marché du travail : les intentions d’embauche revues à la baisse

En 2025, les projets de recrutement des entreprises reculent de 12,5% par rapport à l’année précédente, ramenant le volume potentiel d’embauches à 2,4 millions, selon France Travail et le Credoc. Ce coup de frein affecte l’ensemble des secteurs d’activité, avec des reculs allant de 8,4% à 22%, ainsi que la majorité des professions.

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Le contexte économique morose, et tendu sur le plan géopolitique, incitent les entreprises à lever le pied sur les embauches. Elles prévoient de recruter nettement moins, dans les mois qui viennent. C’est ce que confirme l’enquête annuelle sur les « Besoins en main-d’œuvre » en 2025, portée par France Travail et le Crédoc. En effet, seuls 24,1% des établissements envisagent d’embaucher cette année, soit une diminution de 4,1 points par rapport à 2024 ou près de 350 0000 projets en moins. Se sont surtout les entreprises de moins de 200 salariés qui freinent et plus encore les TPE de moins de 10 salariés.

Une tendance baissière généralisée

Le secteur des services aux particuliers reste le principal pourvoyeur d’emplois cette année avec un million de projets d’embauche. Malgré une baisse de 8,4% par rapport à 2024, il totalise 41,2% des intentions. Au sein de ce secteur, l’hébergement-restauration accuse une baisse de 12,6%, l’administration-enseignement et la santé-action sociale affichant des reculs plus modérés (respectivement, -3,5% et - 4%). Les services aux entreprises (23,2% des intentions), réduisent la voilure de 15,2%, plus nettement dans l’information-communication (-21,5%) et la finance-assurance (-21,1%). Le commerce suit la tendance générale à – 13%, tandis que la construction et l’industrie prévoient un fléchissement des recrutements plus marqué (-22% et -16,5% respectivement).

Priorité au surcroît d’activité

En 2025, le principal moteur des recrutements reste le surcroît d’activité ponctuel (41,6%), en particulier dans l’agriculture et l’industrie. Le remplacement de départs définitifs est le second motif avancé (28,5%), en baisse (-5,5 points) par rapport à 2024, suite au recul de l’âge légal de départ à la retraite inscrit dans la réforme. Les embauches pour de nouvelles activités s’affichent toutefois en hausse (+20,5%), plus fréquentes dans la construction et les services aux entreprises.

Les contrats durée indéterminés, surtout destinés aux remplacements définitifs et aux nouvelles activités, gagnent du terrain dans les projets de recrutements de 2025 (+5,5 points à 43,8%), tandis que les CDD reculent.

Forte demande dans l’agriculture et les professions du soin

Les opportunités d'embauche devraient rester concentrées sur les métiers agricoles, de l’hôtellerie-restauration et les professions du soin et de l’accompagnement. La majorité des métiers anticipent une diminution de leurs besoins en recrutement, notamment les agents de sécurité, après les JO de l’été 2024, les métiers des services à la personne, des arts et certaines professions agricoles. Seule une vingtaine de métiers (sur les 217 retenus dans l’enquête) principalement liés à la santé, comptent étoffer leurs effectifs.

Difficultés de recrutement : retour au niveau de 2019

Corollaire de ce retournement, les employeurs anticipent moins de problèmes de recrutement : la moitié des projets sont jugés « difficiles » (-7,3 points), soit un retour au niveau de 2019. Cette baisse concerne tous les secteurs d’activité. Les taux de difficultés les plus élevés sont attendus dans le commerce automobile (69,7%), l’industrie manufacturière (68,3%), la construction (66,1%) et la santé-action sociale (63%). Les employeurs qui anticipent ces difficultés à recruter redoutent presque tous ( 96% d’entre eux) les problèmes liés aux candidatures, qu’elles soient inappropriées (79%) ou en nombre insuffisant (80%), à la nature peu attrayante du poste proposé. Mais, le manque de moyens financiers est aussi évoqué pour expliquer la remise en question des embauches : 27% des employeurs pensent manquer de budget (jusqu’à 36% dans l’agriculture), contre 18% en 2024.

Le ralentissement des projets de recrutement concerne toutes les régions. Dans l’Hexagone, la baisse varie de 10% en Ile-de-France ; 10,7 % dans les Hauts-de-France ; 10,8 % en Normandie ; 12,1% en Bourgogne-Franche-Comté, jusqu’à -16,7% en Occitanie.

Ces prévisions défavorables sont corroborées par les données de l’Urssaf. Si les déclarations d’embauche de plus d’un mois sont restés stables ce premier trimestre 2025, sur un an, leur nombre (2,3 millions) diminue de 4,3 %. Elles continuent de baisser légèrement dans les entreprises de moins de 20 salariés.

AÏcha BAGHDAD et B.L