Logement

Les promoteurs immobiliers choisissent la séduction

Le nouveau président de la FPI, Fédération des promoteurs immobiliers de France, Pascal Boulanger, veut convaincre les Français- et leurs maires- des bienfaits de la construction neuve, dans un pays qui manque de logements.

Photo : Anne DAUBREE pour DSI De gauche à droite,  Christian Terrassoux et Pascal Boulanger
Photo : Anne DAUBREE pour DSI De gauche à droite, Christian Terrassoux et Pascal Boulanger

La séduction, plutôt que la confrontation. Le 29 juin, lors d'une conférence de presse, à Paris, la FPI, Fédération des Promoteurs Immobiliers de France, présentait son nouveau président, Pascal Boulanger. Celui-ci est président et fondateur du groupe Pascal Boulanger (propreté, immobilier, gastronomie) et de Sigla Neuf (promotion immobilière). Il a été précédemment vice-président de la FPI, qui rassemble plus de 660 sociétés de promotion et succède à Alexandra François-Cuxac. Pascal Boulanger a donné les orientations pour son mandat de trois ans. Elles sont nées d'une concertation menée auprès des adhérents à travers la France. « Nous nous sommes rendus compte qu'un sujet évacuait tous les autres (…). Les élus refusent les permis de construire, nous l'avons entendu dans quasiment toutes les régions (…). Nous avons le sentiment que l'acte de construire dérange (…). Ce sera le sujet du mandat », a annoncé Pascal Boulanger.

Pour faire face à cette situation, la FPI a décidé de changer d'attitude par rapport à ses interlocuteurs, les maires, chargés de délivrer -ou pas- les permis de construire. « Depuis trop longtemps, peut-être, les promoteurs ont stigmatisé les élus. Nous nous sommes peut-être trop focalisés sur eux, et pas assez sur la population.(…). Nous devons aider les élus en faisant comprendre à la population que construire est noble et utile », a expliqué Pascal Boulanger. Pour lui, les maires sont bloqués par le manque d'appétence de leurs administrés pour la construction neuve. D'autant que celle-ci peut requérir des infrastructures publiques, alors que les finances publiques sont à sec. Pour son président, la FPI va donc devoir travailler à « l'acceptabilité » de la construction neuve, et parvenir à lever un paradoxe dans la société : « Tout le monde veut un beau logement, mais personne ne veut le voir construit près de chez lui », pointe Pascal Boulanger. Pour y parvenir, « nous voulons rentrer dans une phase de séduction », poursuit-t-il. Plusieurs pistes d'action sont en cours d'élaboration.

Le contexte favorable de la commission Rebsamen

Un cercle de réflexion devrait voir le jour, composé de personnalités extérieures à la profession, comme des philosophes, pour travailler sur cette problématique sociétale. Par ailleurs, les adhérents de la FPI sont en train de recenser leurs dernières réalisations. Objectif : montrer que les promoteurs ne sont pas des destructeurs de la nature, et que leurs constructions se substituent le plus souvent à des friches ou des zones urbaines dégradées. Autre axe de travail, « pour que les élus puissent s'en approprier, nous devons ‘upgrader’ nos réalisations », explique Pascal Boulanger. La profession envisage également d'intégrer dans ses projets des locaux « pour l'intérêt collectif », qui pourraient être dédiés aux jeunes, aux personnes âgées, aux services de la ville…

Et enfin, la FPI entend rendre sa Fondation plus active. « Nous lui cherchons un thème, pour que les personnes sentent que les promoteurs veulent s'intégrer à la vie de la cité. Pour l'instant, elle n'a pas encore trouvé sa vitesse de croisière », commente Pascal Boulanger. Le contexte politique est-il favorable à ces nouvelles orientations ? Mise en place en mai dernier, la commission pour « la relance durable de la construction de logements », confiée par le Premier ministre à François Rebsamen, maire de Dijon (PS), constitue une « bonne nouvelle », commente Pascal Boulanger. L'instance est chargée d'établir un diagnostic des freins actuels à la construction de logements, et de proposer des mesures à même de les lever pour la relancer. Christian Terrassoux, président délégué de la FPI, se réjouit d'un « diagnostic partagé » : « Il faut que nous construisions ; les besoins sont clairement établis à un niveau élevé pour les années à venir », explique -t-il. La FPI apportera ses propositions, dans les réunions techniques prévues par la commission au mois de septembre. Toutefois, au delà de ce signal positif, « l'Etat est parfois ambigu », tempère Pascal Boulanger. « Il est de plus en plus difficile d'obtenir des permis », renchérit Christian Terrassoux. En cause, d'après la FPI : l'apparition de chartes locales, les PLU, plan locaux d'urbanisme, toujours plus contraignants, et des maires qui refusent la conversion de bureaux en logements...