Les entreprises à l'épreuve des émeutes.

Pour les entreprises impactées, les émeutes qui ont suivi la mort du jeune Nahel sont lourdes de conséquences, mais l'ampleur de ces dernières reste difficile à évaluer. Des mesures ont été mises en place pour accompagner les entrepreneurs touchés par cette nouvelle épreuve.

© Adobe stock
© Adobe stock

L'onde de choc semble s'être stoppée, mais ses conséquences pour les commerçants restent difficiles à mesurer. Les émeutes qui se sont déchaînées suite à la mort du jeune Nahel, le 27 juin, ont causé d'importants dégâts. Pour les entreprises concernées, le bilan est lourd : déjà, après quatre nuits de violence, Bercy décomptait plus de 200 enseignes de distribution attaquées et pillées, 250 débits de tabac, le même nombre d'agences bancaires, sans compter de nombreux commerces de tailles très diverses. Des centres commerciaux comme celui de Créteil, en Val-de-Marne, ou de Rosny 2, en Seine-Saint-Denis ont été envahis. A Marseille, des commerces du centre ville ont été attaqués, ainsi qu'à Strasbourg et Paris. Mais quel est le coût global des dégâts ? 280 millions d'euros pour 5 800 sinistres, répondait Florence Lustman, présidente de France assureurs, qui représente la quasi-totalité des assureurs, le 4 juillet, sur France Info. Le chiffre – pour quatre jours de violences- est déjà plus élevé que celui de 2005, quand les émeutes avaient coûté 205 millions d'euros (en quatre semaines). Et pour cette année, les assureurs s'attendent à ce que des sinistres supplémentaires soient déclarés.

De plus, à ces dégâts physiques pourraient s'ajouter ceux réputationnels : la saison touristique qui s'annonçait très prometteuse pourrait pâtir des événements. L'Umih, l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie a annoncé une « vague d'annulation de leurs réservations sur tous les territoires touchés par les dégradations et affrontements », dans un communiqué du 30 juin. Une semaine plus tard, Olivia Grégoire, ministre délégué aux PME, au Commerce et au Tourisme, s'est voulue rassurante : elle a déclaré qu'après un « frémissement à la baisse, le 2 juillet », les réservations pour cet été avaient cessé de diminuer.

L'habitude des crises ?

Pour cette nouvelle crise affrontée par les entrepreneurs, Bercy a exclu tout retour au « quoi qu'il en coûte ». Mais plusieurs mesures ont été prévues. En particulier, les entreprises qui ont subi des dégâts pourront obtenir un report ou un étalement de leurs cotisations sociales et fiscales, qui pourra aller jusqu'à l'annulation « au cas par cas » pour celles les plus durement touchées. Les travailleurs indépendants peuvent obtenir des délais de paiement , une baisse de leur cotisations provisionnelles ou une aide sociale auprès de l'Urssaf. Pour les commerces, d'autres mesures spécifiques ont été prises, dont la prolongation des soldes jusqu'au 1er août, au lieu du 25 juillet. Sur le terrain, une multitude d'acteurs, dont les CMA, Chambres des métiers et de l'artisanat, les CCI, Chambres de commerce et d'industrie et les Régions se sont mobilisées pour accompagner les entreprises dans leurs démarches (administratives et vis-à vis des assurances), voire, pour leur apporter un soutien financier. La CMA a activé son « fonds de calamité », habituellement consacré aux catastrophes naturelles. La Région Hauts-de-France met à disposition un numéro de téléphone unique avec plusieurs syndicats patronaux, l’État, la CCI, la CMA et les assureurs, pour accompagner les entrepreneurs touchés, ainsi qu'un dispositif d'avances remboursables. La Région Provence-Alpes-Côte d’Azur et la Métropole Aix-Marseille-Provence ont mis en place un fonds de soutien destiné à verser 10 000 euros sous quinze jours aux boutiques touchées. De leur côté, les assureurs, sollicités par le gouvernement, ont prolongé le délai de déclaration de sinistre à 30 jours, contre cinq habituellement. Ils ont aussi promis une indemnisation rapide et une réduction de franchise pour les commerçants indépendants les plus concernés. La rapidité avec laquelle ces démarches ont été mises en place témoigne d'une expérience acquise durant la pandémie de Covid-19. Une crise dont les entreprises n'ont pas fini d'absorber le choc, alors qu'elles doivent faire face à cette nouvelle épreuve.