Les artisans impactés par la guerre en Ukraine

Une majorité (62%) des artisans français s'estiment impactés par la guerre en Ukraine, d'après la Chambre des métiers et de l’artisanat. Fortement touchés par la hausse du coût de l'énergie et les difficultés d'approvisionnement, certains voient déjà leur chiffre d'affaires baisser.

Les artisans impactés par la guerre en Ukraine

« Les entreprises constatent que l'on rentre dans une période difficile. On se dit que les choses peuvent changer en quelques jours », expliquait Joël Fourny, président de la Chambre des métiers et de l’artisanat, le 10 mars dernier, à Paris, lors de la conférence de presse organisée par la CMA et consacrée à la présentation de « dix propositions pour une politique en pointe sur l'artisanat et l'économie de proximité »[1]. Ce jour là, mis à part quelques exceptions, l’organisme n'avait pas encore constaté d'impact de la guerre sur ses adhérents. Lesquels étaient prêts, pour 20% d'entre eux, à embaucher des apprentis, d'après un sondage commandité par CMA France...

Une nouvelle enquête, menée en ligne du 25 au 30 mars, fait entendre un tout autre son de cloche : 62 % des chefs d’entreprise artisanale déclarent être directement impactés par le conflit en Ukraine. Dans 11% des cas, ils estiment que leur activité est déjà fortement touchée par la guerre. La moitié d’entre eux déclarent que leur activité est impactée à moins de 25 %. Trois difficultés principales sont désignées : la hausse du coût de l’énergie, les difficultés d’approvisionnement, ainsi qu'une baisse du chiffre d’affaires. En revanche, le fait de ne pas pouvoir ou d'avoir des difficultés pour exporter vers la Russie, ou plus globalement vers l’Europe de l’Est, ne concerne pour l'instant que peu d'artisans. Pour palier les difficultés qu'ils rencontrent, 30 % des artisans déclarent avoir besoin d’une aide pour maintenir leur chiffre d’affaires et 26 % d'entre eux d’un soutien pour assumer la hausse du coût de l'énergie.

Soutien de l'Etat et solidarité envers les Ukrainiens

Faisant état d'une « inquiétude généralisée » parmi ses adhérents, la CMA se mobilise sur plusieurs plans. Concernant les dispositifs publics de mesures à prendre, elle propose officiellement la mise en place, à titre temporaire, d’un chèque énergie (permettant de limiter la hausse des factures de gaz ou d’électricité), la réduction à la pompe de 35 centimes par litre de gazole, la non-dégradation par les assureurs crédits de la cotation des entreprises, ainsi que l’obligation faite aux fournisseurs de garantir leur prix pendant au moins trois mois.

Le plan de résilience économique et sociale, présenté par le gouvernement mi-mars « ne cible pas encore suffisamment les artisans », souligne dans un communiqué la CMA. Celle-ci a réactivé ses cellules de crise, dont les coordonnées sont accessibles en ligne sur www.artisanat.fr. Et elle affirme aussi l'engagement du réseau dans la solidarité envers l'Ukraine: « les CMA se tiennent prêtes à accompagner les travailleurs ukrainiens qui seront en recherche d’emploi dès que le gouvernement aura déterminé les conditions administratives de leur recrutement ».


[1] Cf notre article « 450 000 postes à pourvoir dans l'artisanat », Anne DAUBREE , DSI 21/03/2022