Trois questions à Nicolas Menet, directeur général de la Silver Valley

« La nouvelle génération qui a 60 ans aujourd'hui sait qu'il lui reste plus de 20 années à vivre. Cela change tout »

Quand le quart de la population a plus de 60 ans, la silver économie est loin de représenter un marché de niche. Et il concerne quasiment tous les types d'entreprises, qui doivent adapter leur offre. La Silver Valley leur propose un accompagnement.

Crédit photo : Silver valley
Crédit photo : Silver valley

Quelle est l'importance de la silver économie en France ?

En France, on compte environ 16 millions de personnes de plus de 60 ans, soit 25% de la population. Et en 2022, ce taux atteindra 30%. Mais la silver économie est un concept déjà ancien, qui apparaît dans les années 90. Avec la révolution numérique, on a commencé à penser que la technologie allait résoudre les problèmes de ces personnes. Puis, la canicule a constitué un choc qui a provoqué une prise de conscience dans la société. Et enfin, en 2013, Arnaud Montebourg [ndlr : ministre du redressement productif] et Michèle Delaunay [ndlr :ministre déléguée chargée des personnes âgées et de l’autonomie] ont mis sur pied la filière de la Silver economy, avec la promesse de créer des emplois et de répondre aux problématiques du vieillissement. En 2017, on estime que cette filière compte 300 000 emplois, pour un marché de 130 milliards d'euros. Il se décompose en plusieurs segments, le plus important étant celui de la préservation de l'autonomie : il s'agit de faire en sorte que les personnes vieillissent bien. Cela commence simplement par l'achat d'ampoules plus puissantes quand la vue baisse...

Quels types d'entreprises sont concernées par la silver économie ?

Des entreprises très diverses sont présentes sur ce marché, du grand groupe aux start-up, en passant par les PME et les ETI. Elles émanent de secteurs d'une très grande variété. Comme la prévention sociale, avec AG2R la mondiale, la téléphonie, avec Orange, les grands groupes gestionnaires d'Ehpad. Mais il y a aussi le bricolage : Leroy Merlin construit des offres spécifiques, en adaptant ses salles de bain. Autre exemple, le secteur de l'alimentation est très présent, avec notamment Sodexo ou Fleury Michon, qui s'intéresse à la nutrition des personnes âgées... Des start-up inventent des produits et des services nouveaux. Comme Neosilver, une application qui fait « matcher » la consommation de sport et de loisirs des personnes de plus de 60 ans avec les heures creuses des clubs de peinture ou d'aïkido. Ou encore Auxivia, qui a conçu un verre utilisé dans les Ehpad. Il ressemble à un verre classique, mais il est doté d'une puce, et il est connecté avec le logiciel de suivi des résidents, ce qui permet de détecter une potentielle déshydratation.

En quoi l'expertise de la Silver Valley peut-elle aider les entreprises ?

Nous comptons 4 000 professionnels affiliés. Parmi nos missions, nous jouons le rôle de bras armé de la filière en terme d'innovation. Nous réalisons des analyses sur les nouveaux usages, sur les seniors de demain. Nous sommes, par exemple, en mesure de donner des indications à un promoteur immobilier sur le mode de vie des personnes qui rentreront dans le grand âge dans cinq ans. Les personnes aujourd'hui en Ehpad, qui ont plus de 80 ans, ne savaient pas qu'elles allaient vivre aussi longtemps. La nouvelle génération âgée de

60 ans sait qu'il lui reste plus de 20 années à vivre. Cela change tout. Par exemple, les personnes qui ont plus de 70 ans ont beaucoup moins de freins à changer d'habitation qu'auparavant ; les résidences senior sont devenues un sujet très important. Tous ces changements nécessitent de nouveaux métiers et aujourd'hui, nous disposons déjà de milliers d'innovations. La priorité n'est pas d'en créer d'autres, mais de les massifier. Nous allons donc mener une opération de sensibilisation des entreprises, avec France Clusters. Par exemple, le porteur d'un projet d'infrastructure du tourisme, concerné par les personnes âgées, pourra venir tester son innovation auprès de notre panel de seniors, avec qui nous organisons des « jeudi concept crash », en ligne.