La liberté des Chats de Philippe Geluck fait des envieux

Réjouissant les passants sur les Champs-Élysées, les statues des Chats de Philippe Geluck ont aussi suscité la polémique, dans un contexte où la culture est cadenassée.

La liberté des Chats de Philippe Geluck fait des envieux

Une petite année de retard, mais ils sont enfin arrivés... Depuis le 26 mars dernier, et jusqu'au 9 juin, les Chats du dessinateur de bande dessinée, Philippe Geluck, se sont enfin postés sur les Champs-Élysées. Les passants s'attardent pour regarder la vingtaine d'immenses statues en bronze, qui pèsent jusqu'à 1,2 tonne, et hautes de près de 2 mètres. Comme le félin qui prend la pose d'une ballerine. Ou encore, celui, qui, inspiré de la sculpture gréco-romaine Atlas, porte sur ses épaules le globe céleste, composé de bouteilles en plastique... Porté avec humour, le message politique est clair !

Fabriquées en Belgique par des artisans, les statues poursuivront ensuite leur périple dans une dizaine de villes en France, dont Bordeaux et Caen, avant de terminer à Bruxelles, la capitale belge. Et si l'exposition, à ciel ouvert, est accessible gratuitement, les statues sont à vendre (300 000 à 400 000 euros, pièce). Objectif ? La création d'un Musée du Chat et du dessin d'humour, prévue en 2024, à Bruxelles. C'est le souhait de l'artiste belge, pour rendre hommage à ce personnage qu'il a créé en 1983. C'était alors le anti-héros d'une série de dessins humoristiques de presse, dans le supplément du journal belge Le Soir. Le Chat, aux positions politiques souvent orientées à gauche, a fait du chemin en quarante ans : Philippe Geluck lui a consacré plus de 20 albums. Et le félin est aussi passé des bulles au petit écran, notamment sur France 2. Depuis 2008, Il dispose même d'une place à son nom, à Hotton, en Belgique, où trône sa statue...

Une exposition critiquée

Mais si l'exposition des Champs-Elysées éveille la joie des passants, frustrés d'expositions culturelles en raison de la pandémie, elle a également suscité la polémique, nourrie par ce contexte où le secteur connaît une crise majeure. En effet, rapporte Le Figaro du 30 mars dernier, les musées et galeries d'art étant fermées pour cause sanitaire, l'exposition des Chats, unique à se tenir, bénéficie d'une large couverture médiatique. Est-elle disproportionnée, par rapport à la valeur artistique de l'exposition ? Celle-ci n'est-elle pas avant tout une opération commerciale ? La galerie Huberty & Breyne, galerie spécialisée dans la bande dessinée, sise à proximité des Champs-Élysées, propose une visite virtuelle montrant d'autres sculptures et dessins préparatoires liés à l'exposition de Philippe Geluck. Ces œuvres, à vendre, sont disponibles via le clic & collect. Ainsi, « une édition encadrée, à 100 exemplaires, 100x70 cm coûte par exemple 1 700 euros », cite le Figaro.

Sur les réseaux sociaux, la critique a porté sur la mise à disposition de l'espace public du projet par la Mairie de Paris. Laquelle, rapporte le quotidien, s'est défendue en expliquant que « ce projet est 100% autofinancé, il ne coûte rien à la ville, aucune dépense n'y est attachée. Il est entièrement financé par Philippe Geluck. D'une manière générale, la Ville de Paris étudie avec la plus grande bienveillance tout projet d'exposition dans l'espace public qui lui est présenté