Bâtiment

La Capeb vise le marché du patrimoine

La Capeb, Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment, tente de mobiliser ses adhérents sur le marché de la rénovation du patrimoine – au sens très large du terme, segment où les artisans du bâtiment sont en perte de vitesse.

(© Adobe Stock)
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Mobiliser, avec comme outil, le CIP patrimoine, « pierre angulaire » de la communauté professionnelle autour du patrimoine, selon les mots de Jean-Christophe Repon, président de la Capeb, syndicat patronal de l'artisanat du bâtiment. Le 29 février, à Paris, celui-ci organisait une rencontre consacrée à la rénovation du patrimoine, qui montrait toute la complexité du sujet. En effet, la France a la particularité d’être dotée d’un patrimoine très varié du point de vue de ses matériaux et techniques.

Pour Gabriel Turquet de Beauregard, architecte des Bâtiments de France, « l’artisanat local connaît et sait gérer cela ». Par exemple, Bâtiments de France et la Caped Maine-et-Loire ont travaillé ensemble sur la manière de traiter les menuiseries dans le patrimoine. Les enjeux sont nombreux, patrimoniaux, économiques, écologiques… Par exemple, « chaque fenêtre est une bibliothèque », révèle l’architecte. Elle est l’expression d’un savoir-faire, d’une recherche artistique, et aussi le témoin de son époque. Mais les fenêtres constituent aussi un enjeu écologique.« Elles représentent entre 10 et 15 % de déperdition thermique dans l’ancien. En matière de rénovation thermique, cela ne devrait pas constituer un sujet prioritaire », ajoute Gabriel Turquet de Beauregard. Par ailleurs, changer une fenêtre réparable constitue un gaspillage de ressources. Toutefois, pour les artisans, ce type de réparation n’est pas sans risques : établir un devis sur une fenêtre peut réserver des - mauvaises – surprises… De fait, le sujet préoccupe Marylise Ortiz, directrice de l’association « Sites et cités remarquables de France ». Sur le terrain, elle constate une disparition des fenêtres anciennes, remplacées par des solutions prêtes à l’emploi. « Cela représente une perte de savoir-faire », note-t-elle.

Des chantiers en baisse, peu d’entreprises spécialisées

Du point de vue de l’activité de ses adhérents, l’enjeu n’est pas négligeable, pour la Capeb. D’après ses chiffres, en 2022, le marché est loin d’être insignifiant (20 % du chiffre d’affaires). Mais l’activité est en baisse : au total, 52 % des entreprises artisanales sont intervenues sur ce type de chantier en 2022, contre 61 % six ans plus tôt. Dans le même sens, le nombre moyen de chantiers annuels du patrimoine sur lesquels les entreprises ont travaillé est passé de 8,5 à 5,7 entre 2018 et 2022. Très peu d’entreprises sont réellement spécialisées dans ce domaine : 6 % seulement réalisent plus des trois quarts de leur chiffre d’affaires dans le patrimoine. A contrario, le nombre d’entreprises qui y exécutent plus du quart de leur activité a diminué : 32 % actuellement, contre 40 % en 2018. Et si pour l’avenir, beaucoup d’artisans considèrent que leur activité dans le secteur devrait rester stable, ils sont aussi très nombreux à estimer que l’embauche de main d‘œuvre qualifiée y est particulièrement complexe.

L’outil CIP patrimoine

La Capeb promeut le « CIP patrimoine », dispositif qui permet aux artisans de faire valoir leurs compétences et leur savoir-faire sur les marchés du patrimoine. Après une formation, le label est accordé par une commission constituée d’architectes des bâtiments de France, de la Fondation du patrimoine, de représentants des CAUE, conseils d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement.