Viticulture

La 162e vente des vins des Hospices de Beaune pulvérise tous les records

Près de 32 millions d’euros ont été récoltés, dimanche 20 novembre, lors de la 162e vente des vins des Hospices Civils de Beaune, plus ancienne vente aux enchères viticole au monde.

Les enchères étaient organisées par Sotheby’s pour la seconde année. (© Aletheia Press / A.Morel)
Les enchères étaient organisées par Sotheby’s pour la seconde année. (© Aletheia Press / A.Morel)

Les 800 acheteurs, réunis sous les halles de la ville de Beaune, juste en face de l’Hôtel-Dieu, n’en sont pas encore revenus. Dans une ambiance de folie, les 802 pièces de vin proposées aux enchères - 620 fûts de vins rouges et 182 fûts de vins blancs - se sont arrachées. Le compteur a grimpé jusqu’en début de soirée avant de s’arrêter définitivement sur une somme, aussi inédite qu’inouïe : 31,29678 millions d’euros, plus de deux fois plus que le précédent record, établit en 2018 à 13,96975 millions.

Pourquoi ce record ?

Comment expliquer une telle escalade ? Le vin de Bourgogne, d’abord, s’était fait rare en 2021, année où la récolte a été inférieure de près de 30 % à la norme. L’an passé, la vente des Hospices n’avait que 356 pièces à offrir aux acquéreurs. L’année 2022 est, elle, celle de l’abondance et d’une qualité que l’on annonce exceptionnelle. Plus nombreuses, les pièces de vin de 228 litres se sont pourtant également vendues plus cher de 12 % par rapport au niveau déjà record de 2021, 39 155 € en moyenne. « Aujourd’hui, les consommateurs en France et d’ailleurs cherchent davantage la finesse et l’élégance dans les vins, plutôt que des vins trop tanniques. Et cette finesse, c’est ce qui caractérise les bourgognes ! », remarque le vigneron et négociant Albéric Bichot.

La pièce de charité a pulvérisé le record de l’an passé, grâce aux talents des deux ambassadeurs de la vente, l’animatrice Flavie Flament (à g.) et le comédien Benoît Magimel (à dr.). (© Aletheia Press / A.Morel)

Les acheteurs sont également revenus en nombre, des quatre coins du monde. Les Américains profitaient de la force du dollar, l’Asie s’ouvrait après le covid. Finalement, les ventes se répartissent, selon Sotheby’s qui organise la vente des vins depuis deux ans, en trois tiers d’importance voisine : Amérique, Asie et Europe.

Hommage à Louis-Fabrice Latour

L’autre explication tient à la nature exceptionnelle de cette vente, marquée par le décès, en septembre dernier, du célèbre négociant beaunois Louis-Fabrice Latour. La pièce de charité - un Corton grand cru - lui était dédiée, et elle s’est arrachée pour 810 000 €, soit 10 000 € de plus que le record de l’an passé. Elle a été adjugée à une union improvisée de négociants beaunois, qui désiraient par ce geste saluer la mémoire du disparu. La somme ira à deux associations d’aide à l’enfance, Princesse Margot, qui soutient les enfants atteints d’un cancer, et Vision du Monde, qui vise les enfants des pays les plus pauvres, le Kenya en l’occurrence. La vente des vins en elle-même finance les Hospices Civils de Beaune, qui regroupent les centres hospitaliers de Beaune, Arnay-le-Duc, Seurre et Nuits-St-Georges.

Cette vente demeure plus que jamais l’événement marquant de la rentrée viticole, mais elle n’est plus considérée par les professionnels, du fait de sa nature caritative particulière, comme un indicateur de l’état du marché. Le directeur des Hospices civils de Beaune François Poher a salué des résultats « historiques et spectaculaires », tandis que la régisseuse du domaine, Ludivine Griveau, qui s’est engagée dans la conversion bio, a été mise à l’honneur par un banc bourguignon improvisé par la salle.

Pour Aletheia Press, Arnaud Morel