Economie

JOP 2024 : l’ambition sportive des maires pour l’après

Jeux Olympiques obligent, le sport a fait l'objet de plusieurs débats lors du Congrès des Maires, fin 2023. Des élus très impliqués se sont saisis de l'événement pour leurs projets de long cours, une démarche confortée par l'annonce de la ministre des Sports.


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La Grande cause nationale de 2024 ? Le sport, comme une manière de prolonger et d'enrichir l'héritage des Jeux Olympiques en matière d'amélioration de l'éducation, de santé, et d'inclusion sociale. Emmanuel Macron, président de la République, l'avait annoncé. Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports, l'a confirmé sur le Salon des maires qui s'est tenu à Paris du 21 au 23 novembre 2023.

Ce même thème de la prolongation de l'héritage des Jeux Olympiques a fait l'objet de plusieurs débats tenus lors du Congrès des maires, organisé par l'AMF, Association des Maires de France, concomitant au salon. En particulier, deux élus locaux qui ont très fortement engagé leur commune dans l'aventure ont témoigné au cours d'un débat consacré à « Des maires en première ligne de l'ambition sportive française ». Il s'agit de Mohamed Gnabaly, maire de L’Île-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) et David Lazarus, maire de Chambly (Oise), tous deux co-présidents de la commission Sports et Jeux olympiques et paralympiques (JOP) de l’AMF. Leurs communes font partie des 4 500 collectivités labellisées « Terre des jeux 2024 ». « Je me suis servi des Jeux pour accélérer le projet de ville, pour irriguer la politique publique. Nous y travaillons depuis huit ans, explique Mohamed Gnabaly, maire de cette ville de 8 000 habitants à forte composante de QPV, Quartiers prioritaires de la politique de la Ville, et dont l'hôtel de ville a été incendié durant les émeutes de cet été 2023. De nombreux travaux ont été réalisés, énumère l'élu : un nouveau pont, des aménagements des berges, de nouvelles infrastructures...Un projet urbain pré-existant, un écoquartier fluvial, accueillera une partie des délégations sportives. Les logements feront ensuite l’objet de travaux de réversibilité, destinés à devenir des habitations pérennes. La commune accueille aussi des sites d'entraînement pour les athlètes. Par ailleurs, « nous avons obtenu 7 500 places. J'envoie tous les habitants assister aux jeux. C'était un message fort, on ne peut pas avoir vécu sept ans dans les travaux et ne pas être au cœur de l'événement », souligne Mohamed Gnabaly.

Du sport, de la crèche aux Ehpad

A Chambly aussi, les travaux ont été importants. « Deux centres de préparation aux jeux ont été inaugurés en 2023. Cela fait va faire partie de l'héritage », explique le maire, David Lazarus. C'est en particulier le cas du nouveau centre sportif Marie-Amélie Le Fur (une quinzaine de millions d'euros d'investissements). Au total, la ville a obtenu le label « Centre de préparation aux Jeux » pour cinq disciplines, le badminton, le badminton paralympique, le skeet (tir sportif), le skeet (tir sportif) paralympique, et le football. Mais au delà du sujet des infrastructures, depuis sept ans, à Chambly, « tout le monde est sensibilisé », poursuit David Lazarus. Et dans les années qui viennent, la politique de la ville va continuer à être imprégnée de la culture du sport, des crèches aux EHPAD.

Un autre type d'héritage des Jeux Olympiques a été mis en évidence lors d'une rencontre intitulée « ESS et les Jeux de Paris 2024 : Quelles implications ? Quel héritage ? ». « Nous avons pensé héritage dès le démarrage », répond Nicolas Peyronnet, responsable ESS 2024 aux Canaux, structure associative qui joue le rôle d'interface entre le secteur de l'ESS, économie sociale et solidaire, et les donneurs d'ordre des Jeux Olympiques. Le programme est né dès la phase de candidature des Jeux, et il est doté d'une équipe d'une dizaine de personnes. «Nous avons référencé 6 000 entreprises, y compris des TPE et des PME, pour qu'elles accèdent aux informations. Aujourd'hui, 596 prestations leur ont été confiées. Certaines ont déjà été réalisées, d'autres le seront bientôt », poursuit Nicolas Peyronnet. Par exemple, des laveries dans les villages olympiques seront opérées par des entreprises d'insertion de personnes en situation de handicap. La majorité des entreprises de l'ESS sélectionnées sont situées en Île-de-France, et notamment dans le département de Seine-Saint-Denis où se tiendront la majorité des événements. Toutefois, des sociétés marseillaises, du bassin bordelais et de Toulouse ont également remporté des marchés. Par ailleurs, au delà des commandes obtenues – ou pas - c'est un savoir-faire que va laisser en héritage l'opération aux entreprises de l'ESS qui y participent : les Canaux organisent des formations sur l'accès aux marchés, la manière d'y répondre en se regroupant, notamment.