Informatique : comment opter pour des logiciels européens ?

Le contexte géopolitique actuel pousse à la méfiance vis-à-vis des produits américains. Une méfiance qui se traduit par une impuissance lorsqu’il est question de trouver des alternatives aux logiciels des GAFAM. Or, des solutions « made in Europe » existent.

Systèmes d’exploitation

Commençons par les systèmes d’exploitation, où la seule alternative crédible à Windows et à MacOS (Apple) reste Linux. Très utilisé dans le monde des serveurs informatiques, Linux gagne progressivement du terrain sur les ordinateurs classiques. Les distributions Linux les plus populaires sont gérées par des communautés regroupant des participants venant du monde entier, ce qui leur permet - en principe - d’échapper aux influences étatiques. L’une d’entre elles reste toutefois un peu plus européenne que les autres : openSUSE. Cette offre est activement soutenue par une société allemande (SUSE) appartenant à un fonds suédois (EQT Partners).

Sur le front des systèmes d’exploitation pour smartphones et tablettes, il est aujourd’hui difficile de concurrencer Android (Google) et iOS (Apple). Citons toutefois deux solutions : /e/OS, une version « dégooglisée » d’Android placée sous l’égide de l’association à but non lucratif française e Foundation. Autre offre à suivre de près, Sailfish OS, une plateforme mobile créée par d’anciens développeurs de Nokia.

Navigateurs web

Sur le terrain des navigateurs web, le Norvégien Opera Software a tenté pendant des années de batailler contre une concurrence essentiellement américaine. Passée sous pavillon chinois, la société n’est aujourd’hui plus que l’ombre d’elle-même. Mais, depuis 2015, une partie de ses anciennes équipes tente de développer une nouvelle offre : Vivaldi. Vivaldi Technologies propose une suite Internet complète, couvrant tous les besoins en navigation web, messagerie électronique, gestion d’agenda et curation d’actualités, le tout à travers un unique produit. Cette offre très riche en fonctionnalités est accessible sur la plupart des plateformes du marché.

Autre solution à envisager : Mullvad Browser de la société suédoise Mullvad VPN. Il ne s’agit pas d’un développement original, mais d’un dérivé du navigateur web du projet Tor, lui-même dérivé de Firefox. Objectif : proposer une solution se concentrant sur la navigation web, qui soit respectueuse de la vie privée des utilisateurs (aucune collecte de données de fonctionnement et un blocage par défaut des traqueurs et publicités).

Suites bureautiques

Depuis des années, il existe un concurrent sérieux à la suite bureautique Microsoft Office: LibreOffice. C’est une offre libre et gratuite, née des cendres d’OpenOffice, produit tombé en désuétude suite au rachat de Sun Microsystems par Oracle en 2009. Si les participants à ce projet viennent du monde entier, sa gouvernance est assurée par une organisation à but non lucratif allemande, The Document Foundation. LibreOffice est trop souvent boudé du fait de l’austérité de son interface, qui ne doit toutefois pas faire oublier ses indéniables qualités.

Citons une autre solution : OnlyOffice. Une suite bureautique moins puissante que LibreOffice, mais facile à prendre en main, au design moderne et accessible sur tous types de support : PC de bureau, mobile et même web. Restent quelques zones d’ombre concernant la gouvernance de ce projet, officiellement letton, mais ayant eu des liens avec la Russie et dépendant aujourd’hui d’une holding de droit singapourien. Son code source reste toutefois ouvert, ce qui pourra faciliter d’éventuelles opérations d’audit.

David FEUGEY