De la mer au savon, de la Bretagne à la Bourgogne Franche Comté

Cadre dans l’électronique de navigation en Bretagne, Yvan Bertrand a tout plaqué pour devenir savonnier artisanal en Franche-Comté, dans le Doubs. Un virage à 360 degrés qui a donné naissance à une gamme de produits à l’identité locale et naturelle forte : Ty’Bulles.

Yvan Bertrand a quitté le nautisme et la Bretagne pour devenir savonnier en Franche-Comté, mais en mettant une passion et une envie similaires dans son travail. (@ Ty’Bulles)
Yvan Bertrand a quitté le nautisme et la Bretagne pour devenir savonnier en Franche-Comté, mais en mettant une passion et une envie similaires dans son travail. (@ Ty’Bulles)

A 50 ans, Yvan Bertrand a décidé de changer de vie. Originaire du Jura, sa passion du nautisme l’a conduit en Bretagne où pendant 20 ans, il a évolué dans l’univers de l’électronique pour la navigation. Importateur et distributeur d’instruments pour aider le monde maritime à se repérer, il a été successivement commercial, dirigeant ou encore cadre. « J’étais arrivé au bout et je prenais de moins en moins de plaisir dans ce que je faisais. »

A deux pas de la mer, pendant son temps libre, il surfait régulièrement et constatait que sa peau souffrait des contacts répétés avec l’eau de mer et les combinaisons. « J’avais besoin d’un savon adapté, alors j’ai commencé à faire des recherches sur le sujet » raconte-t-il, remontant jusqu’aux origines du savon. Le cadre entame alors sa reconversion. « J’ai toujours eu envie de fabriquer quelque chose de mes mains, mais je ne pouvais pas le faire dans le nautisme. »

Premiers pas

Un peu d’huile d’olive, de la baie de laurier, aucun produit chimique… Sur les traces des savons d’Alep, il conçoit les siens. « J’en donnais autour de moi et on m’a demandé d’en vendre. » Satisfait du résultat, mais convaincu qu’il a encore à apprendre pour se perfectionner, Yvan Bertrand part suivre une formation courte de savonnier dans le Luberon à l’Université Européenne des Senteurs et des Saveurs. « Cette formation a renforcé mon envie et j’ai décidé de m’installer. »

Mais en Bretagne, l’image d’Yvan Bertrand est associée à celle des bateaux et les choses ne se mettent pas en place comme il l’aurait souhaité. En septembre 2019, à l’occasion d’un séjour en famille à Besançon, il ne lui faut qu’un laps de temps limité pour que tout s’imbrique naturellement, allant même jusqu’à trouver un local pour l’accueillir. « Le collectif Hop Hop Hop avait des cellules disponibles face à l’hôpital Saint-Jacques avec des loyers modérés. » Comme un déclencheur, le savonnier décide alors de quitter la côte bretonne pour revenir en Franche-Comté.

Premières bulles

En novembre 2019, il s’installe et travaille sur son projet. « L’eau de Franche-Comté est plus calcaire qu’en Bretagne, plus granitique. J’ai donc élaboré de nouvelles recettes en adéquation avec le territoire pour obtenir un savon qui mousse et qui soit hydratant. » Ralenti par la crise sanitaire, il profite de cette période pour affiner son projet et multiplier les contacts.

En septembre 2021, Ty’Bulles, savonnerie artisanale comtoise, commercialise sa gamme sur les marchés. Présent chez une trentaine de revendeurs, l’artisan a inscrit sa démarche dans son territoire, chacun de ses produits évoquant un lieu emblématique de Franche-Comté tel que les cascades du hérisson. Soucieux de proposer un produit naturel, il va jusqu’à emballer ses savons à la main, dans un papier recyclé qu’il colle avec une solution maison.

Désormais, dans son laboratoire installé à domicile, Yvan Bertrand planche sur un shampoing et un déodorant solides pour compléter sa gamme et imagine d’autres projets. « Je voudrais mettre en valeur l’identité horlogère locale. » Pour l’heure, il s’associe aux acteurs du territoire, artisans, producteurs, pour travailler en proximité et développer cette activité dans laquelle, à 53 ans, il s’épanouit pleinement.

Pour Aletheia Press, Nadège Hubert