Bourgogne Services à la Personne : Les salariés aux manettes

Devant les difficultés de recrutement, l’entreprise Bourgogne Services à la Personne a décidé de repenser en profondeur son organisation. Bientôt, les salariés expérimenteront l’autonomie dans la gestion des plannings et l’implication dans des décisions telles que les recrutements.

Les équipes de Bourgogne Services à la Personne participent à des ateliers de travail pour repenser leur métier d’assistant de vie. (© Bourgogne Services à la Personne)
Les équipes de Bourgogne Services à la Personne participent à des ateliers de travail pour repenser leur métier d’assistant de vie. (© Bourgogne Services à la Personne)

« Ma grand-mère avait des assistantes de vie qui ne se sentaient pas considérées. Elles étaient insatisfaites dans leur travail et, à les croire, les bénéficiaires ressentaient la même chose » raconte Sylvie Barthel, fondatrice de Bourgogne Services à la Personne. Malgré son goût prononcé pour les métiers tournés vers l’humain, elle n’avait aucune expérience dans ce secteur mais voulait tenter de proposer une alternative à ces fonctionnements. Aujourd’hui, son entreprise compte 80 salariés intervenant auprès de 500 bénéficiaires sur les territoires du Creusot, de Montceau-les-Mines et de Bourbon-Lancy.

« Notre activité repose à 80 % sur les services apportés aux personnes âgées, du lever au coucher en passant par la toilette ou les repas. » Une activité qui demande une gestion pointue des plannings pour faire coïncider les besoins des bénéficiaires aux disponibilités des équipes.

Faciliter les recrutements

Sylvie Barthel avait déjà instauré la prise en compte des besoins de chacun de ses collaborateurs pour définir leurs horaires de travail tels que des enfants à déposer à l’école le matin. « Depuis plusieurs années, nous rencontrons des difficultés à recruter donc on ne peut plus gérer les salariés comme on le faisait, ils ont des attentes nouvelles que nous prenons en compte. » Les collaborateurs allant et venant régulièrement, les bénéficiaires commençaient à déplorer ce turn-over quand ils ont besoin de régularité et d’instaurer une certaine confiance avec leur assistant(e) de vie.

« Tout le monde est en souffrance : les salariés, les coordinatrices au planning et même moi » explique la dirigeante qui a engagé une réflexion en 2020 en se rapprochant du collectif L’humain d’abord. Ces chefs d’entreprise du service à la personne expérimentent une gestion autonome des équipes sur le modèle néerlandais de Buurtzorg. Convaincue par les témoignages des assistantes de vie qui comparaient leur ancien planning à ce nouveau système, Sylvie Barthel s’empare peu à peu de la méthode.

Le temps de la transformation

« Il n’y a plus de pyramide hiérarchique, on travaille en confiance, bienveillance et dans le partage. Je définis un cadre autour des attentes de service du bénéficiaire, du respect du code du travail et d’un équilibre financier. » Demain, les salariés de Bourgogne Services à la Personne s’empareront de leur planning et gèreront leurs heures de travail en lien avec les autres pour se libérer du temps tandis que les bénéficiaires gagneront en simplicité de relation avec des réponses plus rapides sur l’organisation des plannings.

« Nous avons un groupe pilote avec des salariés qui réfléchissent au fonctionnement et à la mise en place du système. Je ne peux pas les convaincre, il faut que les salariés soient convaincus. Nous profitons d’un accompagnement sur un an par le collectif. »

En juin, les équipes de Bourgogne Services à la Personne échangeront avec des salariés ayant adopté le modèle de Buurtzorg avant que l’entreprise n’expérimente concrètement le fonctionnement sur son site de Bourbon-Lancy en septembre. « Le mot d’ordre c’est faire ensemble, en toute transparence. » Sylvie Barthel a appliqué ce principe pour l’organisation des congés d’été avec succès et prévoit de solliciter ses équipes pour participer au recrutement des futurs collaborateurs.

Pour Aletheia Press, Nadège Hubert